Challenger Pro League

"Le top 4 de notre compétition sera orphelin d'une de ses très belles équipes" : À la théorie avec Swann Borsellino

Swann Borsellino

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Le flot de mots sort de sa bouche frappé du sceau de l’assurance de celui qui connaît le foot, plutôt que par la superstition de celui qui a peur.

Basket blanches immaculées qui contrastent avec une fin de match salie par une énième merveille de Tarik Tissoudali, Vincent Kompany se présente au micro d’Eleven Sport défait mais serein ce 20 mars au soir.

Sonné mais pas abattu, le Prince prophétise : "un des concurrents d’Anderlecht perdra des points lors des deux dernières journées". Une seule journée de D1A a été nécessaire à la confirmation des propos de l’ancien capitaine des Diables Rouges, au grand dam de l’homme qui, ce même soir, pose sa bonhomie et son charisme sur la table de la salle de presse de la Ghelamco Arena.

Assis l’un à côté de l’autre, les coachs des deux derniers candidats aux Champions Playoffs sont séparés par l’attaché presse de La Gantoise. Comme tout le monde dans l’audience – et cela n’a rien à voir avec le fait que le café de l’après-midi a été remplacé par la bière du soir – Vincent Kompany sourit quand le show Hein Vanhaezebrouck commence devant le parterre de journalistes.

Entre deux punchlines ponctuées d’un rire victorieux, le coach gantois laissera notamment entendre que selon lui, des playoffs à 4 n’étaient pas sérieux car ils laissent sur le carreau des équipes de qualités. Ayant passé 90 minutes devant Antwerp – Zulte-Waregem puis ayant commenté OHL-Antwerp, j’imagine aisément pouvoir affirmer le contraire, mais revenons à la bataille qui nous intéresse entre Mauves et Buffalo's.

Oui, ce dimanche soir, le top 4 de notre compétition sera orphelin de l’une de ses très belles équipes. En pole position depuis le weekend dernier, Anderlecht jouera sa place dans le top 4 à Courtrai tandis que les coéquipiers de Vadis Odidja recevront OHL. Une arrivée à la photo-finish majoritairement due au retard à l’allumage de deux équipes plaisantes qui auraient pu se faciliter la tâche largement plus tôt dans la saison.

Faux départ et série négative 

Je n’étais pas revenu de vacances. Eux non plus. Le 9 août au matin, plutôt vers 11h, entre le café et la tartine, je prends tranquillement connaissance des résultats de D1A.

Déjà battus à Saint-Trond en ouverture du championnat puis tenu en échec à domicile contre le Beerschot dans la foulée – ce qui se révèlera être un exploit, avouons le – les Buffalos tombent à nouveau contre Ostende sur un but de Makthar Gueye. Suivront deux défaites face à Charleroi et à Courtrai peu après la mi-septembre, malgré une victoire dont tout le monde se souvient, un 6-1 face à Bruges.

À l’heure de faire les comptes, ce retard à l’allumage pèse plus lourd dans les valises gantoises que le but de Somers qui a permis au Cercle d’accrocher le nul 2-2 la semaine passée.

Des bagages également plombés par un manque d’efficacité chronique. En effet, avec 51 buts inscrits en 33 matchs, les Gantois ont la pire attaque du top 8 (mais la meilleure défense après celle de l’Union) et laissent surtout cette impression d’avoir loupé des chances.La principale illustration étant probablement cette double confrontation en Ligue Europa Conférence face au PAOK Salonique.

Côté mauve si on n’a pas vraiment mieux commencé la saison, avec une défaite à l’Union et un nul à Eupen, c’est une autre série compliquée qui est venue plomber les affaires de la bande à Cullen. Avec cinq partages en six matchs entre mi-septembre et fin octobre (dont des nuls face à Ostende, St-Trond et OHL), les Mauves ont fait du surplace quand les autres engrangeaient. Pire, ils n’ont pas fait un seul clean-sheet en championnat du 12 septembre au 11 décembre. Quasiment trois mois. Longtemps, Anderlecht a donné l’impression de pouvoir souffler le très chaud et le glacial, cet amour pour les montagnes russes s’amenuisant au fur et à mesure que les principes tactiques de Vincent Kompany étaient digérés. 

 

L’adieu au "beau"

Vous l’aurez compris, si on aura toujours tendance à parler de "match couperet", de "money time", le format playoff n’en demeure pas moins, à la base, un format "championnat" où la régularité prime et où l’irrégularité est punie. 

Ce dimanche soir, une des deux équipes en forme de notre compétition ne se qualifiera pas pour les Champions Playoff. D’un côté, les Gantois avec leur série de 7 victoires consécutives à laquelle est venue s’ajouter le crucial partage face au Cercle. De l’autre, Anderlecht et leur unique défaite sur les huit derniers matchs, concédée face au concurrent direct pour le top 4.

Mais bien au-delà des chiffres, on a envie de repenser à l’éloge du beau de Hein Vanhaezebrouck. Car lundi, la D1A se réveillera avec une de ses belles équipes en dehors du top 4. En dépit de son appétence malheureuse à l’inefficacité, La Gantoise, c’est les extérieurs du pied de Sven Kums, la technique de Vadis Odidja, les tranversales de Julien De Sart et les finitions merveilleuses de Tarik Tissoudali.

Anderlecht, c’est une réussite tactique, une preuve que le travail paie mais surtout que le travail peut être beau et pas uniquement laborieux. Le travail dans les deux secteurs du jeu de Yari Verschaeren, par exemple. Celui d’un Kouamé qui en oublie parfois de garder de l’énergie pour marquer. Celui d’un Sergio Gomes qui en oublie parfois de défendre mais que je pardonnerai probablement toute ma vie pour ce merveilleux pied gauche. Dimanche soir, il y aura un content et un déçu. Un outsider des Champions Playoff et un favori des Europe Playoff. Deux équipes à qui on a déjà envie de dire à l’année prochaine. Sans retard à l’allumage.

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