Mobilité

Le train en Belgique ? On n’est pas si mal lotis mais il faut ouvrir les voies à l’intermodalité, selon ce professeur en mobilité

Le focus sur la situation du rail belge

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Par Marie-Laure Mathot sur base d'une interview de François Heureux

"J’ai envie de voir le verre à moitié plein." À l’écoute de notre reportage à bord d’un train Namur-Bruxelles, Bart Jourquin, professeur de transport, mobilité et logistique à l’UCLouvain, entend surtout le côté positif de l’expérience. Certes, certains passagers n’ont pas trouvé de places assises mais il y en aussi qui en profitent pour travailler, papoter entre copains du dernier match de foot et qui évitent les embouteillages.

Les retards ? Oui, il y en a. Selon la SNCB, 90% des trains étaient à l’heure en 2019. Et pour notre spécialiste, ces retards sont aussi possibles en voiture. "Les retards des trains sont de moyenne importance, quelques minutes. En habitant à Tournai pour prendre mon exemple, si je me rends à Bruxelles en voiture, je dois compter une demi-heure de marge sur mon heure d’arrivée."

Pour le professeur, ce n’est pas tellement une question de distance mais bien une question de destination. "Si vous rejoignez deux villes de Wallonie, vous allez peut-être aller plus vite de point en point en voiture. Si vous rentrez dans le centre-ville (d’une plus grosse ville, ndlr), c’est beaucoup plus compliqué."

© Getty images

Bart Jourquin ne voit donc pas le train comme la meilleure des solutions dans tous les cas.

Pour lui, il faut décloisonner la mobilité et la réfléchir en fonction du trajet à parcourir. "Le cloisonnement est encore trop important entre les différents modes de transport. Une des raisons, est que le train dépend du fédéral; les bus des régions; les infrastructures routières également. Il manque donc de l’huile dans les rouages pour que cela fonctionne de manière coordonnée et complémentaire pour trouver la meilleure solution en fonction du moment et de l’endroit."

60% pour la Flandre, 40% pour la Wallonie

Le spécialiste voit donc aussi les défauts du système ferroviaire en Belgique. Et souligne l’un d’entre eux : la répartition des moyens entre régions. "Il y a eu un problème de désinvestissement du rail il y a une trentaine d’années et ce retard-là est difficile à récupérer. L’autre problème, c’est que le politique a toujours appliqué, dans les investissements, une clé 60/40 : 60% pour la Flandre, 40% pour la Wallonie car c’est ainsi que la population est répartie. Mais le réseau wallon est au moins aussi grand, aussi long et aussi complexe que le réseau flamand et aurait besoin d’autant d’argent."

C’est ainsi que le côté flamand a suffisamment d’argent pour à la fois pour entretenir l’infrastructure existante et à la fois, investir dans de nouvelles infrastructures, là où le côté wallon n’a de l’argent que pour le premier volet de dépenses. "C’est ce qui fait que le réseau wallon est beaucoup moins efficace que le réseau flamand."

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