Justice

Le tueur à la ceinture, "serial killer de SDF", devant les Assises du Brabant wallon

© RTBF

Par Patrick Michalle

Combien de crimes le principal accusé, Fabien Lombaerts, a-t-il réellement commis ? Quatre selon l’accusation mais le président De Grève a laissé entendre qu’il pourrait y en avoir d’autres si l’on prend la peine de remonter dans le temps.

A l’heure qu’il est, Fabien Lombaerts reconnaît avoir tué trois des quatre victimes qui lui valent de se retrouver devant les assises. C’est une de plus que ce qu’il reconnaissait avant l’ouverture du procès. Pour expliquer les raisons pour lesquelles il tue, l’accusé évoque son état mental, "j’étais sur les nerfs", comme s’il ne savait pas se maîtriser face à la contrariété : "quand je n’ai pas mes médicaments" ajoute-t-il.

Cela fait quatre ans que je ne suis plus sur les nerfs. C’est quand je ne prends pas mes médicaments

Quand à son co-accusé René De Staerke (1979), il semble plutôt avoir le profil d’un suiveur, un "guetteur" aux yeux de l’accusation. Avec peut-être sur le plan psychologique pour expliquer sa présence non participante à chaque meurtre, une délectation morbide à regarder les victimes agoniser sous la ceinture de Fabien Lombaerts. Un modus operandi décrit à plusieurs reprises lors de l’interrogatoire des accusés.

L’arme du crime
L’arme du crime © RTBF

Point commun dans cette affaire particulière, tous les protagonistes, victimes, témoins et accusés étaient au moment des faits sans domicile fixe. Tous fréquentaient aussi les mêmes centres d’accueil, d’hébergement et d’aide sociale à Bruxelles et dans le Brabant wallon.

Un milieu particulier où il n’est pas simple d’enquêter

La juge d’instruction Bernardo-Mendez a mené l’enquête pour le premier fait, le meurtre de Pascal Crabe (1967) dont le corps sera retrouvé dans un parc de Schaerbeek en août 2018. Elle résume la singularité de ce dossier judiciaire : "c’est un milieu particulier où il n’est pas simple d’enquêter, on est très dépendant de ce qu’on veut bien nous dire. Un milieu avec ses règles où l’usage d’alcool et de drogues est fréquent, un milieu où il y a aussi de la violence".

Tuer simplement comme si rien n’avait d’importance

Dans les six mois qui suivent, viendront s’ajouter trois autres victimes, toutes tuées dans les mêmes conditions au terme d’un parcours d’errance dans les rues de Bruxelles et certains coins verts du Brabant wallon. La seconde victime, Giocchino Pignato (1968), sera retrouvée le 14 novembre 2018 sur un terrain boisé de La Hulpe, pas très loin de la gare, l’endroit où les deux accusés avaient leurs habitudes.

La victime aura eu le tort de s’être alcoolisée à Bruxelles avec les accusés à proximité de la gare centrale et de n’avoir pas su se retenir de vomir sur les passagers du train lors d’un déplacement vers La Hulpe, ce que n’a pas supporté Lombaerts.

La suite est racontée par De Staerke : "On est descendu à La Hulpe. Fabien a commencé à insulter Pignato. Fabien avait juste une tente avec lui. On s’est rendu dans le bois de La Hulpe où on voulait dormir ". La situation a rapidement dégénéré, "Fabien et Giocino ont commencé à se battre. Fabien lui a donné des coups de poing au visage, ils sont tombés puis Fabien a donné des coups de pied. Pignato était au sol et ne savait pratiquement plus se défendre. Il mettait ses mains pour se protéger et demandait d’arrêter". Le président lui demande alors ce qu’a fait son co-accusé à ce moment-là, "Il a pris une ceinture, l’a mis autour du cou de Pignato et il a commencé à tirer". Un scénario qui va se répéter par la suite pour les deux autres victimes qui seront également étranglées.

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Dix jours plus tard, un troisième cadavre, celui de "Mike", en réalité Michael Degrave (1977) sera découvert par des agents de Sécurail sur les voies de chemins de fer, derrière le marché matinal près du Pont Van Praet à Schaerbeek. Ce SDF était proche de Lombaerts et aurait été impliqué avec lui dans le premier crime jugé à Nivelles. Une querelle dont les contours restent peu clairs serait à l’origine de sa mort.

Enfin le 6 février 2019, le corps de la quatrième victime, Frédéric Degrom (1976) sera retrouvé entièrement nu en état de décomposition avancé et partiellement recouvert par de la végétation sous le quai numéro 4 de la gare de La Hulpe.

L’enquête se poursuivra par la suite sous la direction d’un seul et unique juge d’instruction du Brabant wallon et c’est principalement par les prélèvements d’ADN et les éléments de téléphonie recueillis que les enquêteurs parviendront à déterminer l’emploi du temps et les déplacements des accusés. René De Staerke passera ensuite aux aveux ce qui contribuera à faire évoluer l’enquête et à les renvoyer vers les assises.

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