Philippe Delhomme est professeur d’histoire géo au Collège de Modane et coprésident de l’association Vivre et Agir en Maurienne. Il observe les atteintes à l’environnement dans le paysage, notamment à Avrieux autour de la cascade Saint-Benoît, un lieu très touristique.
"La cascade est en sursis, tout comme le ruisseau. Il y a des risques importants d’assèchement, de tarissement de sources et de ruisseaux, dont la cascade Saint-Benoît, suite au percement de l’éventuel tunnel."
Dans les années 1999-2000, il était convaincu de ce projet Lyon Turin, suite au choc de l’accident du tunnel du Mont Blanc, qui a fait 39 morts, puis, en conséquence de la fermeture du tunnel, à l’arrivée massive de milliers de camions dans la vallée, qui a augmenté le risque d’accidents, la pollution, etc. Tous ont alors manifesté pour demander du ferroviaire et on leur a promis le tunnel de base Lyon Turin pour 2015.
"Alors pourquoi est-ce qu’on a changé d’avis ? Parce que, petit à petit, on s’est rendu compte que d’abord, ça demandait beaucoup de temps. On ne comprenait pas pourquoi on n’utilisait pas la ligne existante, qui permet de faire tout de suite du ferroutage, du transport de marchandises combiné. Faisons-le tout de suite, ça coûterait beaucoup moins cher, ça n’amènerait pas de dégâts et c’est simple, en fait."
En attendant, toute une zone de 17 hectares a déjà été défrichée et déboisée pour entreposer les déchets liés à la galerie de reconnaissance de 4 km, creusée sous le village du Bourget.
"On va être embêtés par le bruit, par la poussière, par la dévastation, pendant une quinzaine ou une vingtaine d’années. A Villarodin-Bourget, on pourra dire adieu à notre vie quotidienne, mais aussi au tourisme. Qui voudra venir faire de la montagne ici ? Qui voudra faire du ski dans une zone de chantier comme ça ? On est en train, en quelque sorte, de tuer la haute vallée, on va détruire un paysage de montagne."