Sebastian Kurz, l'enfant prodige de l'Autriche
Alors qu’on commençait seulement à s’habituer à son visage poupin et son physique de jeune premier, Sebastian Kurz démissionne déjà.
C’est vrai que quand il est devenu chancelier il y a 4 ans, il n’avait que 31 ans. Ce qui fait de lui le plus jeune dirigeant européen.
Dans son pays, on le surnomme " WunderWuzzi ", l’enfant prodige. Tombé très tôt dans la politique, il a rejoint l’ÖVP, le parti conservateur, à l'âge de 16 ans. Il a ensuite grimpé tous les échelons à une vitesse fulgurante pour atteindre le sommet à 31 ans.
Mais il y a trois jours, Sebastian Kurz jette l’éponge, empêtré dans une affaire de corruption.
Si les faits qui lui sont reprochés sont avérés (et ça, l’enquête doit encore le démontrer), mais si ces faits sont avérés alors, son ascension éclair prendra évidemment une tout autre dimension.
Que reproche-t-on à Sebastian Kurz ?
En 2016, il aurait conçu un plan, avec qq proches, pour prendre la tête du parti ÖVP.
Ce plan, c’était de commander des sondages d’opinion qui le donnaient favori, auprès d’un institut de sondage qui était dans la combine et puis de dealer avec un groupe de presse propriétaire de quelques tabloïds, pour que ces tabloïds publient des articles sur les fameux sondages.
Pour que le groupe de presse accepte, on lui achète des espaces publicitaires. Et on les paie avec de l’argent qui vient des caisses du ministère des Finances ! En effet, l’homme-orchestre de ce plan n'est autre que le secrétaire-général du ministère des finances : un certain Thomas Schmid, proche de Sebastian Kurz.
Comment les faits de corruption ont-ils éclaté au grand jour ?
En fait, cela aurait dû rester totalement secret. Sauf que le fameux Thomas Schmid, secrétaire-général du ministère des finances, qui pensait avoir effacé tous les messages Whatsapp liés à ce plan, oublie qu’il y a une sauvegarde automatique sur son disque dur.
Et ce disque dur est saisi en 2019 lors d’une perquisition dans le cadre d’une autre affaire de corruption. Et voilà 300.000 messages qui se retrouvent aux mains de la police. Sebastian Kurz vient donc de démissionner et nie tout en bloc, mais dans l’intérêt du pays, dit-il, il préfère faire un pas de côté.
Est-ce la fin de la carrière politique de Sebastian Kurz ?
Sans doute pas, et pour certains observateurs, cette démission, c’est en fait une façon de " reculer pour mieux sauter ".
Tout d’abord, Sebastian Kurz ne quitte pas totalement la scène politique. Au contraire il reste à la tête du parti ÖVP qui est le plus grand parti du pays. En plus, il rejoint les bancs du Parlement autrichien, où il devient chef de groupe du parti conservateur.
Bref, pour beaucoup Sebastian Kurz va continuer à influencer la politique du pays. D’autant que c’est Sebastian Kurz lui-même qui a proposé le nom du nouveau chancelier, Alexander Schallenberg, jusqu’ici ministre des Affaires étrangères et qui doit beaucoup à Sebastian Kurz dont il est très proche.
Partir pour mieux revenir ?
Le nouveau chancelier est là en quelque sorte pour tenir la place au chaud, le temps que Kurz soit blanchi, en tout cas c’est ce qu’il espère. Et d’ailleurs, c’est pour ça qu’il a démissionné. Pour mieux revenir, s’il ne démissionnait pas, il risquait une motion de censure ce mardi au Parlement autrichien. Ce qui aurait sans doute entraîné la chute de son gouvernement.
Or, s’il y a une chose que Sebastian Kurz voulait éviter c’est la chute de son gouvernement et les élections anticipées.
En 2019, pourtant, c’est ce qu’il avait fait, à l’époque il gouvernait avec l’extrême droite, elle-même impliquée dans une histoire de corruption. Et donc à l’époque, Kurz avait lui-même provoqué des élections anticipées où il avait fait un véritable triomphe.
Pas sûr qu’il cartonnerait encore aujourd’hui.
Donc il tient à ce gouvernement où son parti gouverne avec les Verts depuis 2019. Les Verts de leur côté, auraient pu claquer la porte face à cette nouvelle affaire de corruption, mais ils se sont dit : " Si on quitte, alors on ne pourra pas mettre en œuvre notre programme, il n’y aura pas d’écotaxe, etc. " Du coup, ce sont les Verts qui ont exigé que Kurz s’en aille. Une sortie qui finalement l’arrange assez bien. Il faut maintenant attendre les résultats de l'enquête, mais le wonderboy autrichien n’a sans doute pas dit son dernier mot.