Les éclaireurs

L’eau, la plante, et le bâti

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Par Fabienne Vande Meerssche et Sarah Poucet via

Ce samedi 18 décembre 2021, les invité.e.s de Fabienne Vande Meerssche (@fvandemeerssche) dans LES ECLAIREURS sont Valentin Couvreur, bioingénieur, Chercheur qualifié FNRS (Earth & Life Institute – UCLouvain) et Pauline Lefebvre, architecte, Chercheuse qualifiée FNRS (ULB), Docteure en Art de bâtir et Urbanisme.

DIFFUSION : samedi 18 décembre 2021 à 17h08’ et dimanche 19 décembre 2021 à 23h08’.

Valentin Couvreur

Valentin Couvreur est bioingénieur, chercheur qualifié FNRS à l’Earth and Life Institute de l’UCLouvain.

Ses travaux portent sur l’hydrodynamique des plantes, c’est-à-dire la façon dont elles absorbent et transfèrent l’eau du sol pour garder leurs feuilles hydratées pendant qu’elles capturent du CO2 dans l’air. Pour mieux comprendre ce phénomène, il dépeint la plante avec des équations. C’est la " modélisation mathématique ", une technique essentielle pour prédire l’avenir de l’eau dans nos champs et nos espaces naturels.

Valentin est passionné par la programmation et la modélisation. Un intérêt décelé par Mathieu Javaux (UCLouvain et ForschungsZentrum Juelich en Allemagne) qui lui propose de se lancer dans une thèse sur la modélisation de l’hydrologie du sol et de la plante, " Emergent properties of plant hydraulic architecture " à consulter ici.

Image illustrant l'anatomie hydraulique d'une racine de maïs simulée à l'échelle cellulaire. Dans certaines parois, l'eau transférée atteint une vitesse d'un millième de millimètre par seconde (en rouge).
Image illustrant l'anatomie hydraulique d'une racine de maïs simulée à l'échelle cellulaire. Dans certaines parois, l'eau transférée atteint une vitesse d'un millième de millimètre par seconde (en rouge). © Valentin Couvreur-FNRS

Valentin Couvreur réalise ensuite un post-doctorat à l’Université de Davis (Californie) grâce au soutien de Wallonie-Bruxelles International (WBI) et de la BAEF (Belgian American Educational Foundation). Là-bas, sa modélisation lui permet notamment d’explorer les fréquences optimales d’irrigation et de fertilisation dans les champs avec pour but d’économiser l’eau et d’éviter d’accumuler les fertilisants dans les aquifères.

De retour à l’UCLouvain, Xavier Draye lui propose de concrétiser le projet de ses rêves : modéliser l’hydrodynamique des plantes à l’échelle de la cellule. En découlent des résultats théoriques surprenants qui mettent en évidence un mécanisme multicellulaire actif de pompage d'eau. Ce mécanisme pourrait expliquer des observations restées énigmatiques depuis les années 80’ : une semblable incohérence entre les lois de la physique et le concept actuel d’absorption passive d’eau par des plantes. 

Image illustrant le possible basculement vers une nouvelle théorie du transport d'eau par les racines des plantes. En haut à gauche, le concept standard : l’eau coule passivement des potentiels élevés vers les potentiels faibles. En bas à gauche, la nouve
Image illustrant le possible basculement vers une nouvelle théorie du transport d'eau par les racines des plantes. En haut à gauche, le concept standard : l’eau coule passivement des potentiels élevés vers les potentiels faibles. En bas à gauche, la nouve © Valentin Couvreur - FNRS

Si Valentin Couvreur venait à valider cette théorie, cela signifierait que les plantes qui tirent avantage de ce mécanisme de pompage d’eau pourraient mieux s’adapter aux périodes de sécheresse qui s’accentueront avec les changements climatiques. Une perspective intimement liée au travail du GRICE (Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur la Crise Ecologique) dont il fait partie, un groupe qui propose de rassembler les chercheur.euse.s concerné.e.s par la crise écologique, qu’iels soient philosophes, agronomes ou de toute autre spécialisation, afin de mener une réflexion commune. A cette fin, le GRICE organise entre autres des séminaires mensuels qui peuvent être (re)vus à cette adresse.

© FNRS News

Consultez les publications de Valentin Couvreur sur ResearchGate et sur Twitter.

Pauline Lefebvre

Pauline Lefebvre est architecte, Docteure en Art de bâtir et Urbanisme et Chercheuse qualifiée FNRS à la Faculté d’Architecture de l’ULB, dans les laboratoires Sasha et Hortence.

Diplômée de l’ancien Institut Supérieur d’Architecture La Cambre, Pauline Lefebvre décide d’abord de travailler comme architecte pour acquérir une expérience de la profession au sein du bureau bruxellois MS-A. Elle prépare toutefois aussi un projet de recherche et obtient en 2011 un mandat du FNRS pour réaliser, sous la direction de Jean-Louis Genard, un doctorat à la Faculté d’architecture La Cambre-Horta de l’ULB, fraichement née. En parallèle de sa première année de thèse, elle participe au Master expérimental en Arts et Politique (SPEAP), co-dirigé par Bruno Latour et Valérie Pihet à SciencesPo Paris.

Ses recherches doctorales portent sur les liens que la théorie de l’architecture a pu et pourrait entretenir avec le courant philosophique du pragmatisme américain, et en particulier sur les formes d’engagement politique que ce dernier pourrait encourager. Consultez ici sa thèse intitulée " Tracer des reprises du pragmatisme en architecture (1990-2010). Penser l’engagement des architectes avec le réel. "

Même si ses travaux sont donc d’abord théoriques, Pauline a à cœur de rester en contact étroit avec le terrain pour que ses recherches puissent avoir un véritable écho dans la pratique professionnelle de l’architecture. Ainsi, lors de son post-doctorat, Pauline a privilégié de longs moments d’observations en agence, empruntant la méthode ethnographique pour étudier les activités des architectes au quotidien. Grâce à une bourse de la BAEF – Belgian American Educational Foundation – elle réalise un séjour d’un an au Temple Hoyne Buell Center à l’école d’architecture de la Columbia University de New-York, où elle avait déjà séjourné dans le cadre de sa thèse.

De retour à Bruxelles avec un mandat de Chargée de recherches FNRS, Pauline réalise une deuxième enquête de terrain, cette fois au sein de l’agence BC architects & studies. Ce travail a donné lieu à la monographie The Act of Building.

Processus de conception et fabrication observé au sein d’une agence d’architecture à New York, 2016
Processus de conception observé au sein d’une agence d’architecture à New York, 2016
Processus de conception et fabrication observé au sein d’une agence d’architecture à New York, 2016
Processus de construction d’un pavillon près d’Anvers observé au sein de l’agence bruxelloise BC architects, 2018
Processus de construction d’un pavillon près d’Anvers observé au sein de l’agence bruxelloise BC architects, 2018

Désormais, Pauline Lefebvre focalise sa réflexion et ses recherches sur l’évolution des rôles joués par les matériaux de construction en architecture au cours des deux dernières décennies. Elle s’intéresse en particulier à des cas où l’intérêt que les architectes portent aux matériaux de construction renvoie à une forme d’engagement politique. Cet intérêt repose en effet parfois sur des préoccupations qui peuvent être à la fois environnementales (la question des ressources, par exemple), économiques et sociales (la question du travail sur le chantier ou de la maintenance, par exemple), ou encore statutaires (la question du rôle de l’architecte, a priori limité à la conception et écarté des activités de construction).

© FNRS News

À ce propos, Pauline Lefebvre a récemment co-dirigé un ouvrage collectif intitulé Penser-Faire. Quand des architectes se mêlent de construction aux Éditions de l’Université de Bruxelles.

Consultez les publications de Pauline Lefebvre sur Academia.

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