Economie

L’économie européenne piégée par la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine ?

Cette semaine, le président français, Emmanuel Macron était à Washington. Le président du Conseil européen, Charles Michel, lui, était à Pékin. Deux déplacements mais un objectif commun qui fait penser au "hit" de Henry Garat dans l’entre-deux-guerres : "Avoir un bon copain, voilà ce qu’il y a de meilleur au monde.".

L’Europe se cherche de bons copains

L’Europe est confrontée à une guerre sur son sol. Elle doit faire face à une grave crise énergétique et elle va entrer en récession économique cet hiver.

Cette Europe, affaiblie, essaie d’entretenir des relations solides, et idéalement loyales, avec les Etats-Unis et avec la Chine, ses deux principaux partenaires commerciaux.

Mais cette volonté est-elle réciproque ? Chinois et Américains, comptent-ils sur nous ?

D’une certaine manière, oui. La Chine et les Etats-Unis, deux superpuissances rivales, voudraient l’une et l’autre améliorer leurs relations avec l’Europe. Mais dans leur propre intérêt. Sans nous faire de cadeaux. Et sûrement pas sur le plan économique.

La Chine, partenaire coriace

Prenez la visite de Charles Michel à Pékin. Face au président chinois, Xi Jinping, le Belge a insisté sur la nécessité de rééquilibrer les échanges commerciaux entre la Chine et l’Union européenne. Il a pointé les obstacles pour les entreprises et les investisseurs européens qui veulent pénétrer le marché chinois. Des demandes maintes fois répétées ces dernières années par les Européens. Sans grands résultats.

La preuve. Il y a deux mois, la chambre de commerce de l’Union européenne en Chine dénonçait "le favoritisme" de Pékin pour ses entreprises d’Etat. Quant aux échanges commerciaux, l’asymétrie est criante. Depuis le début de l’année, les exportations chinoises vers l’Europe ont grimpé de près de 20% alors que dans l’autre sens, les exportations européennes ont chuté de plus de 7%.

Les Etats-Unis, un allié égocentré

Ce n’est pas nécessairement plus simple avec notre allié américain. Donald Trump n’est plus là mais le "America First" reste le slogan de la Maison Blanche. Le président américain Joe Biden a lancé un énorme programme d’investissement – doté de 430 milliards d’euros. De quoi subventionner les voitures électriques "Made in USA".

En arrivant à Washington cette semaine, le président français Emmanuel Macron a directement critiqué une politique jugée protectionniste, "super agressive" qui risque de "fragmenter l’Occident".

© David Wall / Getty Images

L’industrie européenne sous pression

La crainte, c’est de voir des constructeurs automobiles européens délocaliser une partie de leur production aux Etats-Unis. Une catastrophe en termes d’emploi. Hier soir, Joe Biden a assuré que ce n’était pas son intention. Il a promis qu’il apportera des ajustements à son programme. A voir.

En attendant, l’industrie européenne qui est déjà sous pression n’avait pas besoin de ça. Car elle est menacée par la flambée des prix de l’énergie. En Allemagne, qui est le moteur économique de l’Europe, 20% des PME ont des projets concrets de délocalisation.

Le commissaire européen au Marché Intérieur, Thierry Breton a prévenu: sans une réponse adéquate, le risque d’une désindustrialisation rapide de l'Europe est élevé.

Nous sommes nos meilleurs amis

Plusieurs pistes sont sur la table. La Commission européenne prône la création d’un fonds de souveraineté européen. Il ressemblerait au plan de relance post-covid. Il viendrait soutenir les industries stratégiques de l’Union européenne, comme les batteries, l’hydrogène ou les semi-conducteurs.

La France veut imiter les Etats-Unis, en privilégiant le "Made in Europe". Le principe est simple : les fabricants européens pourraient toucher des subsides européens à condition d’utiliser des produits ou technologies locales.

Pour l’instant, aucune de ces idées ne fait encore l’unanimité au sein des 27.

Face aux Etats-Unis, comme face à la Chine, la réponse est : plus d’autonomie, ce que les Européens appellent la défense de la souveraineté européenne. Autrement dit, nos meilleurs copains, c’est nous.

 

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