Belgique

L’effet "boomerang" des sanctions, un risque à évaluer sous peine de passer à côté de l’objectif poursuivi

Avion de la compagnie russe Aeroflot – Zaventem

© AFP or licensors

L’expérience a démontré que des sanctions inadéquates peuvent avoir rapidement un effet contraire au but recherché. Démonstration dans le domaine des transports où l’option choisie par le Royaume-Uni d’interdire l’accès de leurs aéroports à la compagnie russe " Aeroflot " a entraîné quasi immédiatement la réciprocité côté russe mais à une échelle graduellement plus élevée. Désormais ce sont tous les transporteurs aériens immatriculés au Royaume-Uni qui sont bannis des aéroports russes.

Préserver la liberté de circulation des personnes

Il est simple de comprendre les conséquences de ces décisions en miroir sur la libre circulation des personnes. Contrairement aux apparatchiks du régime qu’on peut cibler de manière sélective par la politique des visas, ce sont les populations civiles et les commerciaux impliqués dans des partenariats privés qui vont pâtir d’un arrêt total des vols en provenance de et vers la Russie.

Est-ce réellement l’effet recherché ? A-t-on évalué les conséquences à plus long terme pour les secteurs concernés ? Les scientifiques, les personnels techniques, les académiques ne sont pas nécessairement d’accord avec la politique du régime mais doivent s’en accommoder si leur souhait n’est pas d’émigrer. Est-il judicieux de contribuer à les isoler plus encore ?

L’imbrication des réseaux bancaires, un problème

Même interrogation en ce qui concerne les transactions financières numérisées. Ejecter les banques russes des serveurs interbancaires comme Swift aura des conséquences nécessairement bilatérales sur les titulaires des comptes. Pour les créditeurs et les débiteurs.

Ici encore, il n’est pas difficile d’imaginer les conséquences d’une fermeture non sélective de ces canaux d’accès numériques. L’imbrication des réseaux bancaires est tel que les effets sont difficilement prévisibles sur le plan systémique pour de nombreuses entreprises et leur personnel.

A titre d’exemple, pas moins de 500 entreprises françaises sont présentes en Russie dont trente-cinq font partie du CAC 40.

Siège de la société Swift – La Hulpe
Siège de la société Swift – La Hulpe © Tous droits réservés

Swift est régulièrement évoqué comme un vecteur de sanction potentiel. Une arme redoutable dont le grand public mesure peu l’importance étant donné l’opacité dans laquelle ce type de sociétés fonctionne. Sur les marchés des matières premières ou de l’énergie les paiements s’effectuent par des jeux de compensations de banque à banque. Sans les structures et les serveurs comme ceux de Swift qui relient toutes les banques entre elles les balances de comptes issus de ces échanges ne sont plus possibles.

Une approche systémique des sanctions

L’approche des sanctions pour être efficace doit nécessairement être envisagée de manière systémique pour en mesurer les principales rétroactions prévisibles. Telle sanction sera-t-elle plus préjudiciable à celui qui l’impose ou à celui qui devra la subir ? Cette évaluation fait appel à nos capacités de réflexion et d’anticipation plutôt qu’à l’émotivité et au symbolique.

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