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Légaliser la drogue en Belgique ? "Alors, il faudrait investir des milliards dans la production de cocaïne", constate le procureur fédéral

Frédéric Van Leeuw : "Si elle légalise la drogue, la Belgique doit produire de la cocaïne"

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Par Maud Wilquin

En février dernier, l’avocat pénaliste Sven Mary déclarait à la DH qu’il fallait se dire "une fois pour toutes que la cocaïne est entrée dans notre société, comme la bière. […] Il va falloir apprendre à vivre avec."

© RTBF

La Belgique gagnerait-elle à légaliser la consommation de drogue ? Ce mercredi, "QR le débat" remettait le débat sur la table. Selon le responsable communication à Infor-Drogues Antoine Boucher, "de nombreuses études pharmacologiques ont montré que les drogues les plus toxiques sont de loin l’alcool et le tabac et ce sont des drogues légales. Donc, on se demande pourquoi ce sont les drogues les plus toxiques et les plus addictives qui sont légales ? Au fond ce qui va régler le problème, c’est la consommation publique à travers le café, l’absence de publicité, la réglementation sur la qualité et le niveau d’alcool, car c'est très important. Les États-Unis ont fait l’inverse dans les années 20 lors de la prohibition et ça a mené à des catastrophes. Il est sage de comparer les politiques à l’œuvre."

Antoine Boucher (Infor-Drogues) : "Légaliser les drogues est peut-être la solution"

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Une idée à laquelle n’adhèrent pas les autres invités présents sur le plateau. "La légalisation qui signifie banalisation est dure à entendre", affirme Eric Snoeck, directeur général de la Police judiciaire. "Surtout pour les collègues de terrain qui sont confrontés aux drames familiaux, aux problématiques d’addiction et à la violence à cause de ça."

Eric Snoeck : "Vouloir banaliser la drogue est difficile à entendre pour un policier de terrain"

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"Je ne suis pas d’accord avec la légalisation", réagit Denis Ducarme, député fédéral MR. "Je peux avoir une distinction par rapport aux drogues douces puisque de toute façon l’Allemagne prévoit à terme de la légaliser. On sera pris entre les Pays-Bas et l’Allemagne donc on sera obligé d’y réfléchir." Une idée que craint le bourgmestre tournaisien Paul-Olivier Delannois (PS). "Ce qui me fait peur, c’est le début de l’assuétude. Tous ceux qui ont pris de la drogue dure sont d’abord passés par la drogue douce. Donc dépénaliser me fait peur et je crains qu’elle ne passe très prochainement."

Paul-Olivier Delannois (PS) : "La dépénalisation des drogues douces me fait peur"

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Il convient cependant selon Denis Ducarme de distinguer le consommateur de cannabis du consommateur de drogues dures. "J’estime que le consommateur de drogues dures est complice des trafiquants. Et ce qui est en discussion aujourd’hui entre le ministre de la Justice et les procureurs par rapport à une forme de généralisation d’une augmentation de la sanction et de l’amende par rapport aux consommateurs est une bonne chose."

Denis Ducarme (MR) : "Les consommateurs de drogues dures sont complices des cartels"

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"Je ne pense pas que ce qu’a dit Sven Mary soit bien. Ce n’est pas le message le plus responsable et responsabilisant", ajoute Maxime Prévot, bourgmestre de Namur et président des Engagés. "Il ne faut certainement pas banaliser l’enchaînement des conséquences de la consommation de drogue. On sait l’impact que ça peut avoir pour le cerveau et l’état de santé général des consommateurs."

Pour lui, il faudrait plutôt tester une approche similaire à celle employée au Canada pour les drogues douces, par exemple. "Contrairement à ce qu’a dit M. Ducarme, je pense qu’il faudrait peut-être davantage considérer le consommateur non pas comme un coupable à sanctionner, mais davantage comme un patient qui a besoin d’être accompagné dans le soin plutôt que dans le coup de bâton car ce n’est pas comme ça qu’il décidera du jour au lendemain d’arrêter. Il y a une approche sanitaire à revoir et de la prévention à renforcer."

Maxime Prévot : "Il ne faut pas légaliser les drogues"

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Enfin pour Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral, la décision incombe bien entendu au monde politique, mais ce qui serait une situation paradoxale serait d’investir des milliards dans la production de cocaïne et de champs de coca en Europe et contrôler le tout en cas de légalisation. "Sinon, les organisations criminelles auront toujours de l’avance", estime-t-il. "Aux Pays-Bas, ils n’ont pas fait l’opération complète. Ils ont légalisé les coffee shops et la vente, mais ça a continué de donner beaucoup d’argent aux organisations parce qu’ils n’étaient pas concurrentiels par rapport à la fourniture."

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