Cependant, la cour d’appel se penche sur les trois lois invoquées par la ministre de l’Intérieur pour justifier la légalité des arrêtés "covid". Elle estime que "ces trois lois pourraient être contraires à la Constitution lue avec la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales".
En effet, dit la cour d’appel :"d’une manière générale, selon la Constitution, une délégation de compétence par une loi à un ministre ne peut porter que sur des questions accessoires ou de détail ; or les mesures de lutte contre le coronavirus Covid 19 dépassent largement ce cadre". Les lois qui justifient ces arrêtés pourraient donc être anticonstitutionnelles.
Pour la cour d’appel, "il paraît aussi douteux, au regard de la Constitution et de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales que ces lois aient pu donner la compétence à un ministre agissant seul d’adopter des mesures qui limitent l’exercice de droits fondamentaux". "Ces limitations devraient résulter des lois elles-mêmes", ajoute la cour d’appel.
Enfin, la cour d'appel s’interroge sur les sanctions prévues en cas de non-respect des mesures "Covid". "Il semble contraire à la Constitution que la loi sur la sécurité civile de 1992 permette au ministre de l’Intérieur de frapper de sanctions pénales le non-respect de telle ou telle mesure décidée par lui ; cette loi devrait en principe elle-même déterminer précisément les faits réprimés pénalement", ajoute la cour d'appel.
La cour d’appel relève que la Cour constitutionnelle est déjà saisie de ces questions par deux jugements deux jugements du tribunal de police du Hainaut, division Charleroi qui lui posent des questions préjudicielles.
Dans l’attente des réponses de la Cour constitutionnelle, la cour d’appel rappelle qu’il n’est pas du pouvoir de juridiction des cours et tribunaux de l’ordre judiciaire (et donc de la cour d’appel) d’effectuer un constat d’inconstitutionnalité portant sur une loi, un décret, ou une ordonnance et de refuser l’application de ces normes au motif qu’elles leur paraîtraient contraires à la Constitution. Il faut donc attendre les réponses de la Cour constitutionnelle aux questions préjudicielles qui lui ont été posées.