Il est parfois des parcours qui surprennent par leur fulgurance. Celui de Leila Slimani est de ceux-là. En huit ans à peine, elle a su s'imposer sur la scène littéraire française. Début février, le Nouvel Obs organisait la rencontre entre Leila Slimani et de Mohamed Mbougar Sarr, respectivement prix Goncourt 2016 et 2021 et titrait "La littérature française, c'est eux!". C'est loin d'être anodin.
Quelques dates clés. Naissance en 1981. Enfance et adolescence dans un milieu aisé à Rabat, père banquier et haut fonctionnaire marocain, mère médecin ORL, une des premières au Maroc. Elle arrive en France pour faire hypokhagne, puis Sciences Po tout en poussant les portes du cours Florent. Elle est engagée au magazine "Jeune Afrique" après son école de journalisme mais démissionne après quatre ans pour se consacrer à l'écriture. Ses collègues ricanent en douce. N'empêche ! En 2014, elle sort son premier roman Dans le jardin de l'ogre qui traite d'addiction sexuelle. Le deuxième en 2016 Chanson douce fait le récit glaçant d'une nounou qui assassine deux enfants, il remportera le Goncourt. Depuis la création du prix, elle est la douzième femme à le recevoir. Je vous l'avais bien dit : fulgurant !
Tout ne fut pas nécessairement tout rose pour autant. La jeune Leila venait à peine d'arriver en France que son père, ancien secrétaire d'Etat à l'économie de 1977 à 1979, dirigeant d'une grande banque marocaine, est accusé en 2001 de détournement de fonds et jeté en prison. Un procès en appel en 2010 l'innocentera de tous les chefs d'accusation, six ans après son décès. Cet évènement marquera profondément la famille Slimani victime du jour au lendemain d'un déclassement social et d'une solitude extrême.