Léo Sharp : le trafiquant de drogue octogénaire qui a inspiré "La Mule" à Clint Eastwood

Né en 1924 dans l’Indiana, Leo Sharp est au départ un homme bien sous tout rapport. Après avoir combattu lors de la Seconde Guerre mondiale, il reçoit une étoile de bronze en récompense de son héroïsme, puis s’établit en tant qu’horticulteur et fleuriste. Sa spécialité : l’hybridation de différentes espèces, donnant lieu à des fleurs uniques qui font le succès de son entreprise. Georges Bush, le président américain de l’époque, lui propose même de planter ses fleurs dans le jardin de la Maison Blanche.

Malheureusement, la crise financière de 2008 n’épargne pas Léo Sharp, qui voit son carnet de commandes désemplir à mesure que les pouvoir d’achat des ménages américains diminue. Lorsque l’une de ses connaissances lui propose de commencer à transporter de la drogue pour le compte de dealers mexicains, il cède donc à la tentation de l’argent facile et accepte le marché.

Une aubaine pour Joaquín Guzmán, plus connu sous le nom d’El Chapo, qui se trouve à l’époque à la tête du cartel de Sinaloa, pour lequel Leo Sharp travaille.

Vu son âge, personne ne soupçonne en effet le vieil homme de quoi que ce soit, si bien qu’il devient rapidement un des meilleurs passeurs du cartel. Au passage, il empoche des sommes considérables, qui lui permettent de sauver son affaire de la faillite et de gâter ses proches.

Afin de mettre un terme à ce dangereux trafic, la DEA (brigade des stupéfiants américaine) piste pendant des mois les membres du trafic, dont ils ont mis les téléphones sur écoute. Au cours de leurs conversations, ils entendent plusieurs fois les malfaiteurs mentionner un homme surnommé "Tata", qui semble jouer un rôle important dans l’organisation criminelle. Avec à sa tête l’agent spécial Jeff Moore, la DEA part donc à la recherche de cet homme mystérieux.

Après plusieurs mois d’enquête, Léo Sharp est finalement arrêté sur une route du Michigan le 11 octobre 2011. Alors âgé de 87 ans, le vieil homme transporte ce jour-là 104 kilos de cocaïne dans son coffre…

Pris sur le fait, Léo Sharp peut difficilement nier les faits qui lui sont reprochés, aussi avoue-t-il sans faire de difficulté lors de son procès. Alors que son avocat plaide la faiblesse psychologique, il propose à la Cour de payer sa dette à la société en cultivant des papayes, mais ni l’un ni l’autre ne parviennent à convaincre les jurés.

En définitive, le vieillard écope en 2014 d’une peine de trois ans de prison ferme, dont il purge un an avant d’être libéré en raison de problèmes de santé. Il rend l’âme un an plus tard, à l’âge avancé de 92 ans.

"La Mule", à voir ce lundi 20 mars à 20h30 sur La Une.