Le 6/8

L’Équateur, premier pays à inscrire les droits des animaux sauvages dans sa Constitution

Les droits des animaux sauvages

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Voilà un pays d’Amérique du Sud qui montre l’exemple : l’Équateur devient le premier pays à reconnaître des droits pour les animaux sauvages dans sa Constitution. Sophie Brems, journaliste et chroniqueuse environnement, se penche sur cette première mondiale.

Face à la maltraitance ou l’exploitation animale, notre société reconnaît de plus en plus de droits pour les animaux.

En 2022, certains pays comptent en faire plus pour le bien-être animal. L’Équateur montre ainsi l’exemple en devenant le premier pays du monde à accorder des droits juridiques distincts aux animaux sauvages.

Cette décision juridique a même été déclarée par la Cour constitutionnelle. "Les animaux sauvages possèdent des droits d’exister, de développer leurs instincts innés et d’être à l’abri de la cruauté, de la peur et de la détresse disproportionnées" est-il désormais écrit dans la Constitution.

En d’autres mots, les animaux sauvages ont le droit de ne plus être chassés, capturés ou commercialisés par l’Homme.

Une avancée juridique permise après une histoire tragique

Cette avancée majeure dans la cause animale, on la doit au récit dramatique d’Estrellita, une femelle singe laineux.

Capturée illégalement puis domestiquée pendant 18 ans par la famille d'Ana Beatriz Burbano Proaño, elle a été saisie par les autorités locales. Un mois après son transfert dans un zoo, elle a été victime d’un arrêt cardiaque. Avant son décès, sa famille avait tenté de la récupérer, invoquant le désespoir ressenti par cet animal d’être éloigné de sa famille humaine.

"Pour la défense, il y avait bien des études scientifiques qui prouvaient bien qu’Estrellita et ce singe laineux ont un développement assez important dans le cerveau pour ressentir des émotions de détresse et demander un droit à la liberté" informe Sophie Brems.

La Cour constitutionnelle a donné à la fois tort et raison à la famille. Elle a reconnu ce droit à la liberté, tout en estimant que la capture de ce singe était illégale. Estrellita a le droit de retrouver son environnement naturel. En conséquence, la Cour a statué sur l’octroi de droits aux animaux sauvages. "La domestication et l’humanisation des animaux sauvages sont des phénomènes qui ont une grande incidence sur le maintien des écosystèmes et l’équilibre de la nature, car ils provoquent le déclin progressif des populations animales" a justifié la plus haute instance juridictionnelle.

© Sylvain Cordier/Gamma-Rapho via Getty Images

Un pays pionnier de la protection de la nature

L’Équateur a toujours été investi dans la cause animale.

Ce pays d’Amérique du Sud a récemment agrandi sa réserve marine des Galapagos. Il avait déjà été le premier à reconnaître des droits à la nature dans sa Constitution. C’était en 2008.

Cette législation plus précise sur les animaux sauvages va donc encore plus loin et entraîne avec elle plusieurs conséquences. La question de la raison d’être des zoos dans ce pays se pose désormais : si des personnes intentent une action en justice face à ces parcs animaliers à propos de la détention des animaux sauvages, ils pourraient obtenir gain de cause.

Certaines conditions ont toutefois été édictées : certaines activités humaines restent tolérées par la Cour comme les activités d’alimentation, les activités récréatives (les zoos pourraient donc y être inclus) ou la pêche, du moment qu'elles soient régies par des règles préexistantes et qu'elles limitent la souffrance animale.

La Nouvelle-Zélande ou le Canada prenaient déjà des dispositions légales pour protéger les animaux sauvages. Mais la situation de l’Équateur est véritablement une première mondiale avec l’inscription de ces droits constitutionnels.

© Christian Declercq / Getty Images

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