Brabant wallon

Les 27 présidents de CPAS du Brabant wallon tirent la sonnette d’alarme et réclament plus d’aide du Fédéral

Les crises successives n’ont pas épargné les CPAS

© S. Vandreck

Par Stéphanie Vandreck

"On serait bien sortis dans la rue, mais ça allait encore impacter nos allocataires sociaux et retarder les dossiers. Dans un premier temps, nous avons donc préféré sortir du bois en communiquant". La présidente du CPAS de Nivelles, Colette Delmotte, donne le ton. Elle et ses 26 collègues du Brabant wallon souhaitent se faire entendre de leurs pouvoirs subsidiants, et principalement du Fédéral. Les crises successives, du covid aux prix de l’énergie, en passant par l’accueil des Ukrainiens, et pour certains, les inondations, font aujourd’hui tirer la langue aux CPAS. L’augmentation des dotations communales, votée encore lors des derniers budgets communaux, ne suffira pas. "Nos communes prennent nos demandes aux sérieux et ont déjà fait beaucoup d’efforts. Elles sont confrontées aux mêmes difficultés que nous. Mais, contrairement à elles, nous ne pouvons pas créer de taxes. Nous ne pouvons pas non plus refuser d’accorder l’aide sociale", affirment les présidents réunis autour de la table.

Mieux subventionner le revenu d’intégration sociale

Que réclament alors ces présidents de CPAS ? Essentiellement que le Fédéral subsidie davantage le revenu d’intégration sociale (RIS). Aujourd’hui, les CPAS doivent en financer 45% sur fonds propre. Et vu l’explosion du nombre de cas, ils n’y arrivent plus. "Le nombre de RIS augmente chaque année. Leur nombre a doublé en dix ans. On ne peut pas demander à la commune d’intervenir davantage", témoigne Agnès Namurois, présidente du CPAS de Walhain. "Si le RIS était mieux subventionné, on s’en sortirait tous", résument les présidents. A ces dépenses s’ajoutent celles du personnel, ainsi qu’une part de financement de leur pension, pour laquelle les présidents de CPAS souhaiteraient aussi un geste du Fédéral. Autre revendication : que les fournisseurs d’énergie acceptent d’accorder des plans de remboursement des factures de régularisation, et que ce ne soient donc plus les CPAS qui interviennent dans ces cas-là. Plus que des aides ponctuelles, et bienvenues comme dans le cadre de l’accueil des réfugiés ukrainiens, ils réclament une aide plus structurelle et pérenne de la part du Fédéral.

Devoir aider quelqu’un, alors que parfois soi-même on est en difficulté, peut faire perdre le sens du travail social

Les signataires expliquent que la situation est encore plus criante en Brabant wallon. "C’est d’autant plus difficile d’être pauvre dans notre province qu’il y a une pression foncière colossale et que les prix sont adaptés aux revenus moyens de la province", souligne Colette Delmotte. Les profils des personnes qui frappent à la porte des CPAS a d’ailleurs évolué : personnes séparées, indépendants en faillite, personnes atteintes de troubles psychiques… Sans oublier que la population vieillit. Les travailleurs sociaux, sur le front au fil des crises, témoigne de son épuisement. "La crise énergétique me semble aujourd’hui la plus pénible à gérer, confie Michaël Schmidt, assistant social en chef au CPAS de Nivelles. Devoir aider quelqu’un, alors que parfois soi-même on est en difficulté et ne sait pas comment en sortir, peut faire perdre le sens du travail social également". L’aide sollicitée pourrait permettre au CPAS d’engager davantage de personnel, de consolider les contrats, pour permettre aux travailleurs sociaux de faire face plus sereinement à l’afflux toujours plus grand de demandes.

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