Cinéma

Les 5 meilleurs documentaires de 2020

Les 5 meilleurs documentaires de 2020

© Tous droits réservés

Par Adrien Corbeel

À l'heure de faire les bilans de cette année cinématographique très chaotique, un constat s'impose : 2020 fut particulièrement riche en documentaires.

Des violences policières aux coulisses d’un spectacle, le "cinéma du réel" a su cette année s'atteler à une grande variété de sujets avec une inventivité sans cesse renouvelée. On retrouve aussi bien des films qui jouent avec les limites de ce que peut être un documentaire, que des œuvres qui approchent notre monde sans artifices.

Pour célébrer cette remarquable diversité, voici une sélection (hautement subjective) des 5 meilleurs documentaires sortis en Belgique en 2020.

5. Un pays qui se tient sage

Il y a des documentaires qui tombent à pic. "Un pays qui se tient sage" est de ceux-là : depuis sa sortie en octobre, le film de David Dufresne n'est devenu que plus opportun. À l'heure où les images représentant les forces de l'ordre sont au centre du débat public en France, son documentaire les met en avant. Rassemblant plusieurs dizaines de vidéos de manifestations tournées entre novembre 2018 et février 2020, le film nous invite à nous interroger sur la légitimité de la violence policière. Jusqu'où l'état a-t-il le droit d'aller pour sa propre protection? Au nom de qui agit-il en exerçant la force sur ses citoyens? Pour répondre à ces questions ardues, des sociologues, des mères au foyer, des avocats, des policiers, des écrivains et bien d'autres s'expriment, échangent et se disputent devant la caméra. Les avis divergent, les images choquent : pavé dans la mare, "Un pays qui se tient sage" secoue et perturbe le débat.

4. Dick Johnson is dead

Bien que l'improbable documentaire de Kirsten Johnson tourne autour de la mort de son père, les scènes kitsch et hilarantes y ont autant leur place que les scènes émouvantes. Confrontée au décès à venir de son paternel, atteint de la maladie d'Alzheimer, la cinéaste a choisi de le filmer dans son quotidien, mais aussi...d'imaginer ses morts. Complice, cet homme jovial et généreux se prête aux mises en scène élaborées de sa fille : le voilà écrasé par un radiateur dans une séquence, renversé par un vélo dans une autre, ou encore dansant dans un paradis en toc filmé en studio. Au-delà de la délicieuse absurdité qui se dégage de ces scénarios farfelus, le film témoigne de l'affection de la réalisatrice pour son père, qui célèbre sa vie (et sa mort!) avec une liberté de ton remarquable. Faut-il en rire ou en pleurer? Un peu (beaucoup) des deux.

3. Overseas

L'antichambre de l'enfer : c'est l'image qu'inspire le centre de formation philippin où la réalisatrice Sung-A Yoon est allée poser sa caméra. Dans celui-ci, des femmes se préparent à partir pour l'étranger, où elles deviendront nounous/ménagères — un métier qui très souvent se déroule dans d'atroces conditions, mais leur permet de subvenir aux besoins de leur famille. Pour mieux s'y préparer, ces "héroïnes" font des jeux de rôle aussi surréalistes qu'effroyables : tantôt elles jouent la domestique qui met la table, tantôt le patron qui tente d'abuser de son employée. Participantes actives dans la mise en scène du film, elles deviennent sous l'œil bienveillant de la cinéaste des personnages à part entière. Sensible et formellement inventif, le documentaire articule avec acuité tout le drame de leur vie.

2. Petite fille

Certains portraits marquent durablement : celui de Sasha, 7 ans, est de ceux-là. Pendant plusieurs mois, le réalisateur Sébastien Lifshitz l'a suivi, elle et sa famille, dans leur quotidien, partagé entre la souffrance et la tendresse. Née dans un corps de garçon, Sasha désire être reconnue pour ce qu'elle est, une petite fille — une identité que sa famille accepte, mais que son école refuse de reconnaître. Face à cette situation, le documentaire ne perd pas de temps pour nous émouvoir : le cœur s'étreint devant les yeux remplis de larmes de cette petite fille, mais il bondit aussi lorsqu'elle peut enfin être elle-même, et s'épanouir. Le film fait preuve d'une pudeur et d'une empathie remarquable à l'égard de sa courageuse protagoniste, mais également de sa famille, dont le soutien, les doutes et le combat sont terriblement touchants.

Et bonne nouvelle : le documentaire est visible jusqu'au 30 janvier sur le site d'Arte.

1. Si c'était de l'amour

En apparence, le long-métrage de Patric Chiha est assez simple  : il s’agit d’une version filmée de "Crowd”, le spectacle de danse de Gisèle Vienne qui raconte les "raves" des années  1990. Alternant scènes de répétition, représentations et entretiens avec les danseurs, la structure du long-métrage en elle-même n’a rien d’exceptionnel. Mais les apparences sont trompeuses. Brouillant les pistes entre le documentaire et la fiction, "Si c'était de l'amour" nous entraîne au cœur de la création artistique, là où le vrai et le faux se confondent. Hypnotisé, on assiste aux parades amoureuses qui se jouent sur scène et en coulisses sans savoir si celles-ci sont artificielles, ou si, au contraire, elles révèlent les vrais sentiments des interprètes. Une œuvre fascinante et émouvante.

FA Si c'était de l'amour

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous à la newsletter à la Chronique de Hugues Dayez

Chaque mercredi, recevez dans votre boîte mail la chronique du spécialiste Cinéma de la RTBF sur les sorties de la semaine.

Articles recommandés pour vous