Cinéma

Les 5 meilleurs documentaires de 2021

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Retour sur 5 documentaires qui ont marqué l'année cinéma écoulée. 

C'est inévitable : après de longs mois de fermeture, de très nombreux films, souvent terminés depuis longtemps, ont envahi les salles. Dans ce raz-de-marée que fut l'année cinéma 2021, certains blockbusters se sont détachés du lot, mais de nombreux films sont passé plus ou moins inaperçus, ensevelis sous la masse des sorties.

Pour le documentaire, qui a souvent du mal à trouver sa place dans les salles, l'année fut particulièrement difficile. On peut par exemple citer l'exemple de Cyril Dion, dont le film "Demain" (co-réalisé avec Mélanie Laurent) avait rencontré un beau succès en salles en 2015, mais qui n'est pas parvenu à renouveler l'expérience avec "Animal", son nouveau long-métrage. 

C'est d'autant plus regrettable que l'année fut plutôt riche pour ce genre cinématographique. En guise de démonstration, nous vous proposons une sélection très subjective des 5 meilleurs documentaires de 2021.

5. The Painter and the Thief

C'est sur un fait divers que démarre le documentaire de Benjamin Ree “The Painter and the Thief”. Un vol pour être exact, dans une galerie d'art d'Oslo où deux tableaux de l'artiste tchèque Barbora Kysilkova ont été dérobés. Malheureusement pour les voleurs, leurs crimes a été enregistrés par des caméras et malheureusement pour l'artiste, ils affirment ne pas savoir ce qui y est arrivé à leur butin. Le fait divers aurait pu en rester là, mais Kysilkova demande à l'un des deux coupables, un toxicomane du nom de Karl-Bertil Nordland, de poser pour lui, ce qu'il accepte. De là se tisse une relation étrange et émouvante entre l'artiste et sa muse. Filmant ces deux êtres qui se sont trouvés un peu par miracle au plus près de leurs corps, le documentariste nous place aux premières loges de leur fascinante dynamique.

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4. L'école de l'impossible

“La pédagogie est un sport de combat contre la fatalité et l'injustice”. C'est sur cette phrase du chercheur et militant Philippe Meirieu que se clôture “L'école de l'impossible”, le puissant documentaire de Thierry Michel et Christine Pireaux, filmés au sein du Collège Saint-Martin de Seraing. La citation résume parfaitement tout ce que le film nous a présenté pendant ses 100 et quelques minutes : une lutte incessante contre l'adversité, menée par des professeurs passionnés, qui tentent de donner une chance à des adolescents qui n'en ont jamais eu. Jettant un regard bienveillant sur les professeurs comme sur les élèves, nous plonge au coeur de ce combat terriblement difficile, en apparence impossible, mais qu'il est plus que jamais nécessaire de mener. 

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3. Procession

Pendant 3 ans, le réalisateur Robert Greene a accompagné 6 hommes originaires du Missouri qui ont tous un tragique point commun : chacun d'entre eux a été abusé par des prêtres catholiques. Plutôt que de jeter sur eux le même regard que n'importe quel documentariste, le cinéaste a choisi de collaborer avec ces hommes profondément meurtris dans un ambitieux projet de thérapie par l'art. Chacun d'entre eux a élaboré un film qui revisite ses traumatismes : reconstitutions, évocations, réécritures de leurs souvenirs, etc. Le résultat pourrait être désastreux, mais pour ces personnes, qui ont souvent été bafouées par la justice (leurs agresseurs ont presque tous été impunis), l'expérience s'avère profondément cathartique. Un exorcisme par le cinéma.

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2. Les Prières de Delphine

En apparence, le documentaire de Rosine Mbakam est beaucoup plus simple que "Procession" : pendant une heure et demie, Delphine, une jeune femme originaire du Cameroun, fait le récit de sa vie et de ses malheurs face à la caméra. Mais l'enjeu est similaire. Il s'agit de donner au sujet du documentaire la possibilité de se réapproprier son histoire. Choisissant la sobriété et évitant soigneusement toute forme de condescendance, la réalisatrice filme Delphine sur un pied d'égalité. Tour à tour éplorée, empathique, vindicative, exubérante, désespérée, combative, elle a tout l'espace et la liberté pour nous faire part de son terrible parcours : orpheline de mère, abandonnée par son père, violée à l'âge de 13 ans, contrainte à la prostitution pour survivre et assurer la survie de sa propre fille, elle a trouvé son chemin en Belgique en se mariant avec un homme de trois fois son âge. Ses difficultés ne sont sans doute pas terminées, mais le film permet de libérer sa parole, de faire résonner ses mots et ses prières en dehors des murs de son appartement. 

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1. Petite fille

Nous l'avions déjà classé dans notre rétrospective 2020, mais puisqu'il a eu droit à une vraie sortie en salles cette année, il semblait nécessaire d'évoquer à nouveau ce puissant documentaire. Pendant plusieurs mois, le réalisateur Sébastien Lifshitz a suivi Sasha, 7 ans, et sa famille, dans leur quotidien, partagé entre la souffrance et la tendresse. Née dans un corps de garçon, Sasha désire être reconnue pour ce qu'elle est, une petite fille — une identité que sa famille accepte, mais que son école refuse de reconnaître. Face à cette situation, le documentaire ne perd pas de temps pour nous émouvoir : le cœur s'étreint devant les yeux remplis de larmes de cette petite fille, mais il bondit aussi lorsqu'elle peut enfin être elle-même, et s'épanouir. Le film fait preuve d'une pudeur et d'une empathie remarquable à l'égard de sa protagoniste, mais également de sa famille, dont le soutien, les doutes et le combat sont bouleversants.

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