On n'est pas des pigeons

Les ampoules connectées, intelligentes et… un peu bavardes

Les ampoules connectées sont aujourd’hui largement répandues. Vous en retrouvez dans toutes les grandes surfaces. Mais qu’est-ce qu’elles nous apportent vraiment de plus qu’une ampoule classique ?

Il y a dix ans, c’était un truc de geek. Aujourd’hui, elles envahissent les rayons de nos grandes surfaces. Poussées par le marketing de chaînes d’ameublement comme Ikea, et bien sûr par des constructeurs comme Philips, les ampoules connectées prétendent entrer dans notre salon, notre salle de bains, notre chambre à coucher.

Mais ne vont-elles pas alourdir notre facture d’électricité ? Et est-ce qu’il n’y a pas un risque pour notre vie privée de truffer ainsi nos habitations d’équipements connectés à Internet ?

Ampoules connectées
Ampoules connectées © Getty Images

D’abord, comme fonctionnent ces "smart ampoules" ?

Elles possèdent un équipement qui permet d’émettre et de recevoir des ondes wifi. Cela veut dire que vous pouvez les piloter depuis votre smartphone ou une tablette.

Avec l’application qui accompagne les équipements, vous pouvez choisir des scénarios lumineux et les déclencher en une seule touche.

Piloter, en l’occurrence, cela signifie : allumer, éteindre, diminuer ou augmenter l’intensité, changer la couleur de l’éclairage. "Avec l’application qui accompagne les équipements", explique Raphaël Sciamanna, responsable de ce secteur chez Ikea Mons, "vous pouvez choisir des scénarios lumineux et les déclencher en une seule touche. Par exemple, vous choisissez l’ambiance "télévision soirée" sur la tablette et toutes les lampes s’éteignent ou se tamisent. Au contraire, vous recevez des amis à souper, et l’éclairage se colore et s’intensifie autour de la table où vous allez prendre le repas."

De la domotique à bon marché

Man and child looking at burning lightbulb controlled by using tablet
Man and child looking at burning lightbulb controlled by using tablet © Getty Images

On imagine d’autres utilités, comme, par exemple, éteindre à distance la petite lampe laissée allumée sur le palier le soir pour rassurer un enfant dans son lit. Ou encore, programmer un éclairage tous les soirs quand vous êtes partis en vacances pour faire croire qu’il y a quelqu’un à la maison.

Pas besoin de faire appel à un professionnel et de faire des trous dans les murs.

"C’est de la domotique à relativement bon marché, installée par le consommateur lui-même", résume Martin Melchior, électricien. "Pas besoin de faire appel à un professionnel et de faire des trous dans les murs. Je pense que cela peut convenir à des personnes qui louent un appartement ou une maison et qui ne peuvent pas y faire des travaux importants."

Quelle consommation ?

Woman remote-controlling the brightness of smart lighting in the living room of her smart home
Woman remote-controlling the brightness of smart lighting in the living room of her smart home © 2021 Yiu Yu Hoi

Les ampoules connectées coûtent évidemment plus cher à l’achat. Par exemple, dans le modèle Tradfri d’Ikea, l’entrée de gamme est à 7,99 euros pour une ampoule connectée pour 75 centimes l’ampoule led classique. Certaines ampoules connectées, qui peuvent changer de couleurs, coûtent entre 15 et 20 euros pièce, et même jusqu’à 50 euros dans le haut de la gamme.

Et la consommation ? Sans surprise, elle augmente avec les ampoules connectées. Entre 20 et 40% en plus. "Mais à l’usage, c’est différent", estime Raphaël Sciamanna, "parce que les ampoules connectées, vous avez plus tendance à les tamiser, à ne pas utiliser toute leur puissance."

Menace sur votre vie privée ?

Woman using smartphone with a security key lock icon on the smartphone screen
Woman using smartphone with a security key lock icon on the smartphone screen © 2021 Yiu Yu Hoi

Chaque fabricant a développé une application qui permet le pilotage des ampoules intelligentes. Ces applications collectent un certain nombre de données concernant votre consommation d’électricité et la manière dont vous utilisez les équipements connectés. Faut-il s’en inquiéter ? Après tout que Ikea, Kruidvat ou Philips sachent que vous allumez tous les matins la salle de bains à 6h45, quelle menace cela fait-il peser sur votre vie privée ?

Ce sont des données qui peuvent intéresser des Data brokers.

"Aucun équipement connecté dans la maison n’est tout à fait anodin", répond Aurélie Waeterinckx, porte-parole de l’Autorité de protection des données. "Certes, une ampoule, ce n’est pas une caméra, mais votre consommation d’électricité, cela dit quand même quelque chose sur vous : à quelle heure vous vous levez, à quelle heure vous rentrez du bureau, à quelle heure vous allez dormir. Ce sont des données qui peuvent intéresser des Data brokers, ces sociétés qui regroupent des données éparses et fragmentaires, mais qui, une fois rassemblées, peuvent révéler beaucoup de choses sur vous."

Il faut s’informer sur la politique de confidentialité des données qui accompagnent les équipements connectés.

Pour cette raison, l’Autorité de protection des données conseille aux consommateurs d’être prudents. "Il faut s’informer sur la politique de confidentialité des données qui accompagnent les équipements connectés. Comment-va-t-on utiliser vos données ? Seront-elles croisées avec d’autres données, transférées à d’autres organisations ou dans des pays tiers ? Si la politique ne semble pas claire, mieux vaut s’abstenir."

Les conseils de l’Autorité de protection des données

Woman using a mobile phone to connect the smart speaker
Woman using a mobile phone to connect the smart speaker © Getty Images

Les autres conseils de l’APD sont les suivants :

  • Se renseigner sur le produit/système, notamment en vérifiant que le produit n’a pas connu des fuites de données/problèmes de sécurité dans le passé
  • Favoriser des produits/systèmes qui enregistrent les données de manière locale plutôt que sur le Cloud
  • Vérifier dans la mesure du possible que l’objet n’est accessible qu’à son propriétaire, par exemple via un bouton d’accès physique ou l’usage d’une méthode d’authentification (ex : mot de passe complexe)
  • Favoriser un objet qu’il est possible d’éteindre. Dans le même ordre d’idée, favoriser un objet dont vous pouvez désactiver certaines fonctionnalités si vous n’en avez pas usage (par ex : la géolocalisation ou le partage automatique de données)
  • Favoriser un objet qui dispose d’un voyant lorsqu’il est en état de fonctionnement
  • Favoriser un appareil dans lequel on peut facilement supprimer l’historique des données
  • Investir un peu de temps dans la vérification des paramètres de sécurité : ne pas laisser un éventuel mot de passe par défaut, changer le mot de passe régulièrement, ne pas utiliser un User ID trop facile, etc
  • Effectuer les mises à jour de sécurité si applicable (si l’appareil ne possède pas de capacité d’être mis à jour, l’éviter dans tous les cas, car sa sécurité pourrait vite devenir obsolète)

"C’est évidemment le choix du consommateur, conclut Aurélie Waeterinckx, "mais nous conseillerions de ne pas utiliser ce genre de système ou appareils intelligents dans des lieux sensibles comme une chambre à coucher".

Ce dernier avertissement cible évidemment des équipements plus intrusifs que les ampoules, comme des caméras ou des micros.

… nous conseillerions de ne pas utiliser ce genre de système ou appareils intelligents dans des lieux sensibles comme une chambre à coucher

Mais on sait qu’un certain nombre de consommateurs utilisent des assistants vocaux justement équipés de micros, comme Google Home ou Alexa Amazon, pour piloter leurs éclairages "intelligents".


Retrouvez "On n’est pas des pigeons" du lundi au vendredi à 18h30 sur la Une et en replay sur Auvio.

Pour plus de contenus inédits, rendez-vous sur notre page Facebook.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous