Mais ce qui va préoccuper Margaret Thatcher en 1982, c’est surtout la guerre des Malouines, un petit archipel au sud de l’Océan Atlantique, au large de l’Argentine. Les Britanniques appellent ce chappelle d’îles les Falklands, et l’occupent depuis le 18e siècle.
Depuis longtemps, l’Argentine réclame la souveraineté sur cet archipel au climat presque polaire, et la Grande-Bretagne a systématiquement ignoré ces revendications. Mais en 1982, elle n’est plus la superpuissance maritime et coloniale qu’elle était avant-guerre.
La dictature argentine, isolée internationalement et de plus en plus contestée, se dit qu’une victoire diplomatique contre un pays occidental serait le moyen de redorer son image.
L’Argentine envahit donc les Malouines/Falklands et proclame leur annexion, pensant que la Grande-Bretagne aura autre chose à faire que de s’engager dans un combat diplomatique ou militaire pour si peu. Mais c’est mal connaître Margaret Thatcher. Cette affaire la fragilise politiquement, puisque l’opposition travailliste réclame sa démission, elle va donc répondre avec force à l’affront, et envoie la Royal Navy.
Côté britannique, on hésite entre deux attitudes, entre se dire " Est-ce que ça a un sens de vouloir se battre pour des îles aussi lointaines ", c’est un réflexe notamment au sein d’une partie du gouvernement et au sein de l’armée […], mais d’un autre coté il y a le coté fierté nationale.
On vient piétiner, sans déclaration de guerre, la souveraineté nationale. On vient nous envahir, on n’arrivera plus à se faire respecter si on ne montre pas qu’on peut se défendre. (Pierre Marlet)
L’opération militaire sera une victoire totale, même si l’Argentine est bien équipée en ayant acheté du matériel français. Mais elle perd la guerre après 74 jours de combats, restitue les îles à la Grande-Bretagne, et son régime tombe. Thatcher a tout gagné. Elle a récupéré son territoire, fait tomber l’une des pires dictatures du monde, et est auréolée de l’aura de la cheffe de guerre victorieuse.
Voilà qui est de bon augure pour entamer des négociations avec ses partenaires européens. Membre de l’union depuis 1972, la Grande-Bretagne n’y trouve pas son compte. Elle doit payer pour des pays tiers plus pauvres qu’elle, comme la Grèce, et pense ne rien en tirer comme bénéfice. Thatcher aura cette phrase entrée dans l’histoire " I want my money back " (Je veux mon argent de retour).
Thatcher obtient de ses partenaires une grande indépendance en échange d’avancées dans la construction européenne, et désormais la Grande-Bretagne restera toujours un pied dedans, un pied dehors. Thatcher est probablement la dirigeante britannique première eurosceptique, préfigurant le Brexit qui arrivera 40 ans plus tard.
Mais sa politique économique néolibérale, son euroscepticisme et la nouvelle taxe d’habitation qu’elle souhaitait imposer auront raison de la Dame de fer qui finit par démissionner en novembre 1990.