Les thèmes abordés ont eux aussi changé, pointe M. Mongo-Mboussa, également critique littéraire. Mohamed Mbougar Sarr "a choisi de parler de littérature" dans son roman récompensé, adoptant ainsi "une forme de prise de distance" avec les sujets plus habituels des romans africains "qui parlaient par exemple de la violence, de la guerre, des enfants soldats".
Le genre, l’homosexualité, l’écologie, le féminisme, l’afrofuturisme (courant de la science-fiction) ont ainsi fait leur apparition dans les productions littéraires africaines.
"C’est depuis le continent africain qu’on est en train de se rendre compte des grands dangers (sociaux, écologiques, politiques : ndlr) qui nous menacent", estime Xavier Garnier.
Les années 50 et 60 avaient été elles aussi des "moments de reconnaissance de la littérature africaine", mais surtout en tant que "phénomène politico-littéraire", comme par exemple avec Léopold Sédar Senghor, écrivain, poète et premier président du Sénégal, ajoute-t-il.
Une évolution portée également par la création de maisons d’édition en Afrique, la multiplication des revues littéraires sur le continent ou encore l’apparition de prix littéraires consacrés à la littérature africaine, note Claire Ducournau, sociologue de la littérature à l’université Paul-Valéry de Montpellier.
"Beaucoup de choses sont en train de bouger depuis une dizaine d’années", déclare à l’AFP la chercheuse qui a étudié la reconnaissance des auteurs africains francophones sur plusieurs décennies.