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Les avions à hydrogène, une vraie solution pour l’avenir des vols commerciaux ?

© Twitter : @Universal_H2

Pour la première fois dans le monde de l’aéronautique, un avion commercial s’est envolé grâce à l’hydrogène. L’entreprise américaine Universal Hydrogen était aux commandes de ce décollage "prometteur pour l’avenir", selon eux. Cela s’est déroulé ce vendredi 3 mars à Moses Lake dans l’État de Washington.

Cet ancien avion de ligne traditionnel a été transformé afin de fonctionner avec ce carburant alternatif. Composé d’un moteur à énergie fossile sous l’aile gauche et d’une pile à combustible à hydrogène sous l’aile droite, l’avion - renommé Lightning McClean - a pu naviguer dans les airs pendant 15 minutes à plus de 3500 pieds (1066,80 mètres). Il a une capacité de 40 personnes mais n’a pu accueillir qu’Alex Kroll, ancien pilote d’essai expérimenté de l’US Air Force, ainsi que deux autres membres d’équipage, afin d’assurer le pilotage de l’appareil.

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Après avoir atteint une altitude et une vitesse constante, le pilote a pu couper le moteur à énergie fossile afin de faire fonctionner la pile à combustible à hydrogène et donc voler grâce à l’électricité.

D’autres essais d’avions ont déjà pu prendre les airs grâce à l’hydrogène, mais c’est une première en termes de vol commercial.

L’hydrogène est-il cependant l’avenir des vols commerciaux ? Permettra-t-il la décarbonisation de l’industrie aérienne mondiale ? Tentative de réponse avec deux experts.

Une avancée dans le monde de l’aviation ?

Pour Waldo Cerdan, ancien pilote de ligne spécialisé dans les questions de sécurité et de la stratégie carbone dans le transport aérien, l’hydrogène ne peut être actuellement considéré comme une solution en termes d’aviation verte : "il ne s’agit pas d’une avancée pour la simple et bonne raison que l’hydrogène n’est pas une source d’énergie mais un vecteur d’énergie qu’il faut produire et ce, à partir d’une source d’énergie qui n’est pas forcément décarbonée. Aujourd’hui, 90% de la production de l’hydrogène est faite à partir de méthane et n’est donc absolument pas verte.", détaille l’ancien pilote. "Pour ce faire, il faudrait que tout l’hydrogène utilisé dans le transport aérien soit produit à partir de sources d’énergie renouvelables et durables", précise-t-il.

Et d’ajouter : "La quantité d’hydrogène qui est aujourd’hui produite de la sorte est anecdotique et les perspectives ne permettront pas de couvrir les besoins du transport aérien commercial dans la contrainte de temps qui nous est imposée par le calendrier des changements climatiques. L’expérience est intéressante, mais elle ne répondra, au mieux, que de manière anecdotique au défi d’une aviation commerciale dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique."

Pour Patrick Hendrick, professeur à l’école polytechnique de Bruxelles et chef du service ATM Aero Thermo Mécanique. le Lightning McClean est un avion à prendre en exemple afin de suivre cette voie-là pour les prochaines années, même si des avions ont déjà volé à l’hydrogène et que cette technologie est connue depuis plus de 10 ans.

Vers la fin de la décarbonisation de l’industrie aérienne ?

Patrick Hendrick est convaincu : "Depuis 40 ans, l’aéronautique fournit des efforts énormes pour réduire la pollution atmosphérique par la réduction des émissions de carburant en enlevant le soufre des produits pétroliers, notamment dans le kérosène. Je pense que l’hydrogène en aviation est une solution qu’il faut examiner, il y a un avenir."

Waldo Cerdan, lui, se pose des questions sur la véritable capacité à produire rapidement assez d’hydrogène "vert": "le transport aérien commercial consomme annuellement 300 millions de tonnes de kérosènece qui correspond en termes d’énergie à plus ou moins 100 millions de tonnes d’hydrogène. Si on attribue au secteur de l’aviation la part qui correspond à ses émissions de CO2, soit trois pour cent des émissions globales, il faudrait donc que l’Humanité soit capable de produire 3,3 giga tonnes d’hydrogène vert, sans compter que les principaux constructeurs prévoient un doublement de la flotte mondiale dici à 2040. Qui peut prétendre cela ?", s’interroge Waldo Cerdan

Reste que l’ancien pilote se réjouit tout de même que les constructeurs mettent en place des nouveautés et se lancent dans la transformation d’anciens aéronefs pour qu’ils fonctionnent avec d’autres types de carburant.

Les avancées en termes d’aviation verte restent à l’heure actuelle encore à nuancer. Seules les recherches et les avancées technologiques pourront confirmer ou non un avenir aux moteurs à hydrogène.

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