Belgique

"Les Belges, bienvenue en Italie", lance l’ambassadeur italien Francesco Genuardi à la veille des vacances

L’ambassadeur italien Francesco Genuardi était l’invité de Thomas Gadisseux sur la Première. Nous avons évoqué avec lui les débuts de l’immigration italienne en Belgique et les liens qui existent encore aujourd’hui entre nos deux pays. En Belgique, près de 300.000 Belges ont également la nationalité italienne.
 
Sur un autre sujet, il est également revenu sur la situation post-Covid en Italie, pays qui fut le premier d’Europe touché par la crise sanitaire, dès février 2020. Alors que le plan de relance de l’Italie vient d’être validé par la Commission européenne, comment le pays envisage-t-il l’avenir dans ce contexte économique incertain ? Et enfin à l’aube des vacances tant attendues dans cette année de crise sanitaire, l’Italie, qui compte beaucoup sur le tourisme pour redresser son économie, se prépare à la période estivale. Elle est "prête", dit l’ambassadeur. A ce propos, Francesco Genuardi a un message : "Les Belges, bienvenue en Italie".

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Des destins liés

Signés le 23 juin 1946 entre la Belgique et l’Italie, les "accords charbon" ont 75 ans ce mercredi. La Belgique cherchait alors à relancer son économie, ravagée par la seconde guerre mondiale. Le charbon est à l’époque la seule source d’énergie immédiatement disponible mais de moins en moins de Belges veulent bien travailler dans les conditions épouvantables qui existent dans les mines.

La Belgique décide alors de se tourner vers les travailleurs étrangers qu’elle ira chercher en Italie, plongée dans la misère et une grave crise politique. La jeunesse représente une main-d’œuvre abondante et se tourne volontiers vers l’étranger pour échapper à la misère. De son côté, l’Italie en tirera parti pour se reconstruire en s’assurant des importations préférentielles de charbon.

Mine de Marcinelle au Bois du Cazier le 8 août 195, juste après que le début de l’incendie.
262 mineurs ont perdu la vie dans la mine de Marcinelle.
Le drame de Marcinelle a causé la mort de 262 mineurs
Une maison familiale de mineurs à Marcinelle.

En effet, au lendemain de la guerre cet accord permet à de nombreux Italiens d’émigrer vers la Belgique. Mais ce n’est pas l’histoire d’un long fleuve tranquille, "toutes les histoires d’immigration sont des histoires difficiles", rappelle l’ambassadeur italien en Belgique, en poste depuis trois mois.

D’ailleurs, sa première visite officielle a été effectuée à Marcinelle, où s’est déroulé en 1956, le drame qui a coûté la vie à 262 mineurs. "J’ai voulu exercer le devoir de mémoire", indique l’ambassadeur.

Si l’histoire de l’immigration italienne en Belgique est douloureuse, elle raconte aussi "l’histoire de la force du caractère des Italiens et de la générosité d’une partie de la population italienne qui est partie à l’étranger, beaucoup en Belgique, pour aider l’Italie à se redresser", au lendemain de la seconde guerre mondiale, insiste Francesco Genuardi.

Pour l’ambassadeur, c’est aussi l’histoire de destins liés entre la Belgique et l’Italie, aux prémices de l’Union européenne. "C’est une histoire d’un accord", souligne-t-il. "Après la seconde guerre mondiale, c’était une période pas facile et je voudrais souligner le caractère de l’accord. C’est un accord entre deux gouvernements dans une période très difficile. Mais c’est un accord. Je crois qu’il faut souligner aussi c’était un premier pas. C’était un premier pas vers une circulation des travailleurs. Les situations et le contexte, on ne peut pas les analyser avec l’angle d’aujourd’hui mais c’était un premier pas vers un chemin conjoint entre l’Italie et la Begique, basé sur les valeurs du travail, de la paix et de la sécurité du travail. C’est un premier pas de ce qu’on appelle aussi l’Europe", indique-t-il.

Alors que l’immigration italienne à travers le monde, si elle fut "douloureuse", a permis au pays de se redresser au lendemain de la seconde guerre mondiale, aujourd’hui l’Italie, aux portes de la Méditérranée est au cœur de la crise migratoire.


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A cet égard, Francesco Genuardi estime que "le contexte a changé mais il faut toujours regarder et gérer ça avec des principes humanitaires de solidarité qui sont cruciaux. C’est important pour l’Italie de continuer à sensibiliser les partenaires européens".

L’Italie face à la crise du coronavirus

Au micro de Thomas Gadisseux, l’ambassadeur est également revenu sur la crise sanitaire et ses conséquences économiques pour son pays. Le plan de relance de l’Italie a été validé par la Commission européenne. Ce mercredi, c’est d’ailleurs celui de la Belgique qui devrait être validé.

"C’est symbolique que la Commission européenne ait validé le plan italien et qu’aujourd’hui elle valide le plan belge. Il semble que toujours la Belgique et l’Italie sont ensemble. D’ailleurs les plans de relance ont été déposés le même jour", souligne Francesco Genuardi. Et il rappelle que, "oui l’Italie a été le premier pays touché par la crise quand personne encore ne croyait à l’ampleur du drame".

Que penser de la réaction des partenaires européens à cette époque ? "Disons que nous étions très concentrés sur la gestion de la crise. C’est vrai qu’au début beaucoup de pays n’avaient pas compris de suite l’envergure de la crise. C’est très difficile. Il faut attendre que la vague arrive pour comprendre pleinement les effets", indique-t-il.

Mais, comme l’ensemble des pays européens, l’Italie ne sort pas indemne humainement et économiquement. D’ailleurs, de nombreux jeunes Italiens quittent aujourd’hui leur pays. Est-ce que l’histoire se répète ? Pour l’ambassadeur, il ne faut confondre. Le contexte aujourd’hui est pleinement différent. "Nous sommes dans un contexte européen de libre circulation des travailleurs. La situation économique est difficile comme partout en Europe. La crise covid a frappé très fort. C’est pour ça que les pays de l’UE ont décidé ensemble de redresser l’économie mais laissez-moi souligner le fait que nous sommes dans un contexte de la génération erasmus et les gens voyagent. Il y a beaucoup de jeunes Italiens en Belgique".

Reprise du tourisme en Italie

Ce qui est certain c’est que l’Italie est un pays dont l’économie repose en bonne partie sur l’activité touristique. A l’aube des vacances estivales, le pays se prépare donc à accueillir les touristes. L’ambassadeur italien a d’ailleurs lancé un appel : "Les Belges, bienvenue en Italie". Il faut dire que le pays est la troisième destination favorite des Belges.

L’ambassadeur tient également à rassurer les touristes : "L’Italie a beaucoup travaillé pour accueillir tous les touristes du monde et nous avons très envie de revoir tous nos amis qui viennent de Belgique. L’Italie est un pays magnifique, les règles sanitaires sont très claires, et elles sont prises dans un cadre européen. On a pris toutes les précautions et les hôtels et restaurants sont absolument prêts". Et de rappeler, "nous avons beaucoup de côtes mais aussi des montagnes et les régions d’Italie sont ouvertes".


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A ce jour, la quasi-totalité de l’Italie est classée en zone verte par l’ECDC (le centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies, ndlr), à l’exception d’une partie du sud du pays, classée en orange.

Les voyages sont encore actuellement fortement déconseillés mais cela change dès le 1er juillet.

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