Pour les professionnels, déguster le vin, c'est le regarder, l'aérer, le sentir et le goûter. Mais surtout le recracher, en maîtrisant au mieux l'art du crachat distingué. Le plus naturel possible.
"On croit tous que la déglutition fait qu'on va avoir des arômes en plus mais c'est faux" : pour Olivier Thiénot, directeur de l'Ecole du Vin de France, qu'il a fondée en 2003 à Paris, "le fait d'avaler n'amène rien, au contraire". "Ce n'est pas l'ivresse qui importe dans le vin", acquiesce Madeleine Besanpenot, étudiante qui participe à la séance de dégustation parisienne.
Déguster, c'est analyser : d'abord en identifiant les saveurs de base, l'amer, le sucré, le salé, l'acide et la cinquième, l'umami, intermédiaire entre acidulé et sucré, une saveur prisée en Asie.
Vient ensuite l'analyse de la sensation tactile du vin : rugueux, astringent, perlant...
"Les arômes arrivent souvent après avoir craché", explique Christophe Marchais, œnologue professionnel dans la région de Nantes, dans l'ouest de la France. Ce phénomène, nommé "rétro-olfaction", est "un bonheur bien plus intense que l'ivresse", selon M. Peyrat. Après avoir recraché, par le simple fait du passage de l'air sur les muqueuses, le vin apporte de nouveaux arômes, "d'autres persistances aromatiques", explique-t-il.