Economie

Les bourses débutent 2022 dans la douleur... en attendant cette nuit

Les bourses plombées en 2022 : faut-il s'inquiéter ?

© Getty Images

Par Jean-Christophe Willems

Le Réserve Fédérale américaine, la Fed, devrait annoncer cette nuit la hausse des ses taux directeurs. Une décision attendue et sans doute déjà anticipée par les marchés boursiers qui connaissent un début d'année plutôt chaotique. Entre le 31 décembre et le 25 janvier, Bruxelles a ainsi perdu 6,5 %, Paris 4,4 %, Francfort 4,8 % tout comme New York. Les valeurs technologiques du NASDAQ se sont, elles, effondrées de 13,5 %. Alors, raz de marée boursier ou tempête dans un verre d'eau ? En tout cas, les spécialistes ne semblent pas alarmistes.

 

Fin de la croissance à deux chiffres

Les investisseurs en tout genre le savent : ces trois dernières années ont été florissantes sur les marchés boursiers. Plus de 20 % de plus-value à chaque fois, c'est clair que cela change du carnet de dépôt ! Mais patatras, le début 2022 a plombé l'atmosphère. Il y a certainement eu des prises de bénéfices et une certaine correction suite aux fortes augmentations, mais après trois grosses semaines, le rebond se fait attendre et le doute s'installe. "Quand l'incertitude est au maximum, les marchés atteignent leur point le plus bas", explique Xavier Timmermans, Investment Strategist chez BNP Paribas Fortis.

"Et il semble qu'actuellement, l'incertitude est moindre. Car on sait que la Fed va annoncer 4 hausses de taux pour l'année, afin d'enrayer l'inflation très élevée aux USA. Pour le reste, la vague Omicron n'impose pas de grosses restrictions et la crise immobilière en Chine est compensée par une nouvelle politique monétaire moins restrictive. Reste la crise en Ukraine, que Poutine n'a pas intérêt à faire traîner. C'est pour cela que nous tablons sur une amélioration de la situation boursière dans les semaines à venir, même si on s'attend à une année moins bonne que les précédentes, à défaut d'être mauvaise."

Le son de cloche est un peu différent du côté de la société de bourse Leleux. "J'ai prédit que les six premiers mois de l'année seront chaotiques", commente  l'économiste en chef Arnaud Delaunay. "On se retrouve face à deux phénomènes combinés que sont la croissance plus faible qu'espérée et une forte inflation, atteignant les 7 % aux Etats-Unis, ce qu'on n'avait plus vu depuis les années '80. Ce qui correspond à un terme que je ne pensais plus employer : la stagflation."

 

Investir ou pas ?

Si la situation actuelle n'est pas bonne, elle n'est pas non plus catastrophique. Malgré les différents problèmes évoqués plus haut, les bourses ne se sont pas effondrées comme le font les cryptomonnaies. Selon Arnaud Delaunay : "Les taux à moyen et long terme sont tellement bas qu'il n'y a aucune alternative." Et Xavier Timmermans d'enchérir : "Même avec un taux à 1,80 % sur dix ans, on reste en dessous de l'inflation. Il n'y a plus que la bourse pour tenter de faire fructifier son épargne. On se dit d'ailleurs que les investisseurs institutionnels pourraient acheter maintenant, avec le repli de ces dernières semaines. Omicron étant moins virulent, l'économie va reprendre et les entreprises doivent recomposer des stocks car il y a pénurie dans un peu près tous les domaines."

Encore faut-il choisir en connaissance de cause. Car les valeurs technologiques ont perdu bien plus de plumes que les traditionnelles. Les entreprises actives dans l'énergie, la pharmacie ou l'automobile ne s'en sortent pas trop mal. Mais bien malin celui qui pourra prédire l'avenir boursier. Le monde économique attend la décision américaine de cette nuit sans trop s'inquiéter. D'ailleurs serait-ce un signe ? Toutes les places boursières sont dans le vert aujourd'hui.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous