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Les coulisses du pouvoir : climat et nature, pauser pour mieux sauver ?

Par Nicolas Vandenschrick via

La thèse est de plus en plus souvent évoquée : et si, pour sauver la planète du dérèglement climatique, l’Europe mettait en "pause" ses réglementations portant sur l’environnement ? Après la ministre flamande de l’Environnement, c’est le Premier ministre qui a défendu cette idée, provoquant par là la colère des Verts.

L’idée est simple. Entre le climat et l’environnement, choisissons le plus urgent.

Alexander De Croo ne l’a – bien entendu – pas formulé tel quel, mais c’est ce qui ressort de ses déclarations – à la fois, à la VRT, et lors d’une tribune, à Berlin, face à un parterre d’industriels allemands.

Sur le climat, il y a urgence. Il faut agir et le Premier ministre ne dit pas le contraire, mais travailler en parallèle à la décarbonation de nos sociétés et à la restauration de l’environnement, cela, c’est jugé trop lourd par le Premier ministre, Alexander De Croo (Open Vld) dit craindre de perdre "l’élan sur le changement climatique et de récolter du scepticisme sur le tout".

Hallucinant pour les Verts

Groen et Ecolo ont réagi immédiatement. Ces propos ne sont pas dignes d’un Premier ministre. En disant cela, il se prononce sur la position de la Belgique alors que cette question n’a pas encore été discutée au sein de l’exécutif fédéral. Avec une telle position, De Croo rejoint – disent encore les Verts – le camp des fainéants du climat. Le point devra être discuté au kern ce mercredi.

En réalité, la crise entre les deux positions s’inscrit dans un contexte bien précis. Dans le cadre du green deal européen, la Commission veut adopter un règlement visant la restauration de la nature. Ce texte (à la différence d’une directive) n’aurait pas à être transposé en droit national. Le propre d’un règlement est de devenir contraignant pour les Etats membres dès son adoption. C’est ce qui explique cette si soudaine opposition – la volonté est d’atterrir d’ici la fin juin. Porté par le Vice-président de la Commission, le Commissaire Frans Timmermans, c’est contre ce règlement-là (et aussi contre celui qui vise à limiter les pesticides) que des voix s’élèvent en ce moment pour réclamer cette "pause réglementaire européenne".

Pauser pour mieux sauver ?

Avant Alexander De Croo, Zuhal Demir (N-VA) et Sammy Madhi (CD&V) déjà, avaient évoqué ce risque d’un trop-plein réglementaire. Le Président français Emmanuel Macron, lui-même, avait ouvert ce bal, proposant le premier cette "pause réglementaire européenneen matière environnementale, estimant que l’Union européenne avait fait "plus que tous les voisinset qu’elle avait désormais "besoin de stabilité".

La thèse est facile à développer : il est trop complexe pour les entreprises ou les exploitations agricoles d’avoir à se conformer à trop d’exigences en même temps.

Le tout doit également se comprendre dans un contexte belge à la fois préélectoral et où les compétences en la matière sont réparties entre quatre ministres de l’environnement (une N-VA, en Flandre ; et 3 Ecolos pour le Fédéral, Bruxelles et la Région wallonne.)

Observons deux choses : en défendant cette thèse d’une "pause", les intéressés se positionnent à peu de frais. Demir pour tenter de faire oublier aux agriculteurs flamands l’épisode de l’Azote. De Croo, pour rappeler aux chefs d’entreprise qu’il n’est pas favorable à la multiplication des règles. A l’inverse, en s’opposant à l’idée d’une pause, Ecolo et Groen réaffirment leur core-business : défense du climat ET de la nature. En somme, d’un point de vue politique, la crise permet d’éclaircir les positions de chacun.

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