Belgique

Les coulisses du pouvoir : la Wallonie, à son rythme

Les coulisses du pouvoir

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Par Bertrand Henne via

Séance "bilan et perspective" pour le plan de relance wallon. Après un démarrage pénible, le ministre-président Elio Di Rupo, veut montrer que son Gouvernement travaille. Objectif, briser l’impression de léthargie qui entoure l’exécutif wallon.

Le Sphinx

De tous les exécutifs en place, et exception faite des germanophones, le Gouvernement wallon est sans doute celui dont on parle le moins dans les médias. Pour certains observateurs, surtout à Bruxelles, c’est parce qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Namur serait comme plongée dans une forme de léthargie, un calme gardé par le Sphinx Elio Di Rupo.

En même temps, il faut bien reconnaître que la médiatisation des exécutifs est plus guidée par le niveau de tension qui existe entre les partenaires que par le nombre de décisions prises. Plus ça va mal, plus on parle d’un gouvernement : friche Josaphat à Bruxelles, azote flamand, nucléaire fédéral, la Wallonie a moins connu ce type de dossiers. Ce qui ne signifie pas qu’elle avance moins dans l’application de son accord de Gouvernement.

Le Gouvernement wallon, PS-MR-ECOLO, semble donc assumer ou se résigner au faux rythme imposé par Elio Di Rupo. Pour filer une métaphore cycliste, c’est le rythme d’un petit peloton qui a comme stratégie d’éviter les chutes et d’attendre le sprint final en s’économisant. Un cyclisme pas du tout spectaculaire, un cyclisme parfait pour s’endormir un dimanche de printemps devant sa télé. Elio Di Rupo est à la politique ce que Miguel Indurain était au cyclisme. Cinq tours de France d’un cyclisme efficace mais sans style, réaliste mais soporifique, calculé mais sans panache. Le Gouvernement wallon avance donc, sans chute et sans flamboyance. Les caméras se détournent et les motos montrent d’autres équipes, pas nécessairement plus efficaces mais plus nerveuses.

Attaque du peloton

Dans ce faux rythme, Elio Di Rupo organisait calmement le plan de relance, à grands coups de consultants longuement consultés et d’expertises longuement expertisées pour déboucher sur 300 mesures et de plus de 7 milliards d’euros.

Mais chose inédite, l’Union wallonne des entreprises et la FGTB wallonne ont organisé un coup, un giclette. Olivier de Wasseige de l’UWE et Jean-François Tamellini de la FGTB ont mouillé le maillot ensemble pour attaquer le peloton gouvernemental. Ils ont critiqué le saupoudrage Di Rupien et la lenteur de son tempo. Ils ont rapidement fait exploser le peloton. Voir ces deux-là organiser une échappée n’avait franchement rien d’évident, même si le dialogue social bénéficie d’une tradition bien ancrée en Wallonie.

Résultat, Elio Di Rupo a dû, à la pédale, reformer son peloton autour d’un plan de relance resserré de 40 priorités et surtout accompagné de nouveaux équipiers : les partenaires sociaux. Malmené (et franchement énervé par la manœuvre) Elio Di Rupo y a pourtant beaucoup gagné. Hier il pouvait afficher une image d’unité, qui va du MR à Ecolo au PS en passant par les patrons, les syndicats et les représentants des associations environnementales.

Une image d’unité donc et des chiffres qui montrent que le plan avance, que l’argent est dépensé, qu’il va là où il était prévu qu’il aille. Elio Di Rupo se targue même d’un plan qui avance plus vite que celui de la Flandre. Même si l’équipe flamande à toujours 45 minutes d’avance sur le peloton wallon, et que l’espoir de les rejoindre est désormais vain. Jusqu’ici, les précédents plans qui se sont succédés ne sont pas parvenus à atteindre l’objectif d’un coup de fouet économique, d’une mobilisation de la société wallonne, d’un rattrapage avec la Flandre. Ils sont parvenus au moins à arrêter le décrochage du peloton wallon sur les autres pelotons européens et flamands, non sans effets d’aubaines.

Objectif 2030

Ce très grand peloton assume désormais des objectifs communs. Des objectifs chiffrés en réindustrialisation, en augmentation du taux d’emploi, en décarbonation, en réduction de la pauvreté. Des objectifs qui doivent ruisseler dans toutes les politiques wallonnes d’ici 2030 qui engageront le prochain gouvernement donc.

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