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Les CPAS bruxellois confrontés à des difficultés budgétaires

Le CPAS de la ville de Bruxelles a vu les demandes d’aide progresser de 12% en un an.

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Par Barbara Boulet

Les conseillers communaux d’Evere ont voté ce jeudi soir une rallonge budgétaire de plus d’un million d’euros pour le CPAS.

Il faut dire qu’Evere connaît une forte évolution démographique et qu’elle est la 5e commune la plus pauvre de la région de Bruxelles-capitale si l’on regarde comme critère le pourcentage de population percevant l’aide sociale. Alors quand la crise sanitaire est arrivée, la demande d’aide a naturellement considérablement gonflé.

+ 10 % de demandes d’aide

"De plus en plus de personnes font appel aux services du CPAS, commente Sebastien Lepoivre, président du CPAS d’Evere. Je dis malheureusement car avec la crise sociale que nous traversons, nous avons de nouveaux publics qui viennent et qui ont besoin d’une aide essentielle à la survie des familles. Il y a donc une augmentation des dossiers et il y a des problèmes budgétaires étant donné que nous avons un plan triennal négocié avant la crise sanitaire, et que l’évolution dépasse les prévisions de l’époque".

Ainsi le plan budgétaire triennal négocié avec la commune tablait sur une progression de 3% de la demande de l’aide sociale. Or en 2019, elle est déjà passée à 6%. Et probablement au-delà des 10% en 2020 et 2021.

Délais légaux pas toujours respectés

Voilà pourquoi aujourd’hui, les finances sont dans le rouge. Plus préoccupant, le déficit en aide sociale se fait sentir. Faute de moyens, le CPAS d’Evere, ne parvient plus à remplir ses obligations légales de traiter toute demande dans les 30 jours : "S’il y a une augmentation de la demande l’aide, la masse de travail est influencée. Le retard de gestion de dossiers augmente malheureusement aussi. J’insiste sur le fait que tout est mis en œuvre pour respecter les délais légaux. Mais il n’est pas rare d’avoir des exceptions. Plus de 95% des dossiers sont traités dans les temps. 5% de dossiers peuvent être en retard, c’est bien sûr toujours trop. Et puis au niveau de l’insertion socioprofessionnelle nous avons des quotas fixés par la région à atteindre, et là on n’y arrive pas, à Evere, c’est certain".

La qualité du suivi en prend un coup

Cette crise que traverse l’institution affecte aussi, dans une certaine mesure, la qualité du suivi social. Ainsi, la conseillère communale Ecolo Claire Finné, par ailleurs médecin généraliste, a des contacts réguliers avec des bénéficiaires qui lui font part de certaines difficultés : "Le personnel est débordé, raconte-t-elle. Il n’y arrive plus. Du coup il y a un turn-over important. Et les usagers le ressentent. La relation de confiance avec l’assistant social se rompt. Dans certains cas, ils ne l’ont même pas rencontré".

Les autres CPAS aussi

Et autant prévenir : sur ce plan-là, ça pourrait ne pas s’améliorer dans l’immédiat. Car les CPAS cherchent tous à recruter du personnel social et administratif. Ils se retrouvent confrontés à une pénurie. Car oui, malgré ses caractéristiques propres (progression démographique et pauvreté), Evere est loin d’être la seule commune en difficulté avec son CPAS.

Le président du CPAS de Bruxelles, Khalid Zian, coordonne pour l’instant la fédération des 19 CPAS bruxellois. Il confirme la tendance : "Je n’ai pas encore les chiffres pour l’ensemble des CPAS de la région bruxelloise, nous sommes occupés à collationner toutes les données. Mais je peux déjà vous dire qu’au niveau du CPAS de la ville, nous enregistrons une augmentation des demandes d’aide de l’ordre de 12% en un an, ce qui est considérable".

Appel à la Région et au Fédéral

Khalid Zian confirme qu’en pleine période de confection budgétaire, les CPAS sont confrontés à de grosses difficultés pour boucler celui de 22. "Il y a eu un certain nombre de dépenses considérables faites par les CPAS et parallèlement une baisse de recettes des communes. Lorsque nous demandons aux communes une augmentation de notre dotation, ils sont dans une grande difficulté."

Alors le président de la fédération des CPAS Bruxellois demande l’aide régionale et fédérale : "Nous demandons aux autorités régionales et fédérales de continuer à soutenir ne fut-ce que le versement du revenu d’intégration sociale, pour lequel nous ne sommes pas remboursés à 100%. En temps normal, l’état rembourse à 75%. Durant la pandémie, ce remboursement est monté à 90%. Ça nous a soulagés, mais il reste 10% à charge du CPAS".

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