Chloé souffre de douleurs inexpliquées au ventre. Devant l’impuissance des médecins, elle décide de calmer ses angoisses en consultant un psy. Après quelques séances, Chloé et son thérapeute, Paul, tombent amoureux l’un de l’autre. Ils décident de vivre ensemble… Mais très vite, la jeune femme voit ses inquiétudes ressurgir ; elle est persuadée que Paul lui cache un secret. Elle lui découvre un frère jumeau, Louis, et s’aventure à prendre contact avec lui. Chloé se retrouve alors prise en tenaille entre les deux frères…
François Ozon aime trouver son inspiration dans des sources très diverses : un vieux film de Lubitsch pour "Frantz", un vaudeville de Barillet et Grédy pour "Potiche", etc. Cette fois, il adapte librement un polar de Joyce Carol Oates, signé sous pseudonyme et intitulé "Lives of the twins". Ozon qualifie lui-même "L’amant double" de "thriller érotique", cite volontiers comme références Hitchcock, Brian De Palma ou encore David Cronenberg, qui avait filmé en 1988 Jeremy Irons dans un double rôle de frères jumeaux manipulateurs dans "Dead Ringers". A entendre Ozon, "L’amant double" ne serait donc qu’un film de genre, qui obéit à certains codes en vigueur, et qui alterne des passages obligés – à savoir des scènes de sexe et des scènes d’effroi…
Or le propos du film est sans doute moins lisse et plus personnel que le cinéaste ne veut laisser l’entendre, et il y a fort à parier qu’Ozon a profité du canevas du roman pour y glisser quelques obsessions très personnelles. Si on accepte de laisser son esprit cartésien au vestiaire, et de se laisser porter par une intrigue qui oscille entre permanence entre réalité et fantasme, entre les faits et les rêves, "L’amant double" s’avère assez séduisant. Jérémie Renier est bien plus convaincant que d’habitude dans un double rôle, et Marine Vacth – révélée il y a quatre ans par le même Ozon dans "Jeune et jolie" - impose sa beauté mystérieuse et son charisme comme sans effort. Ça s’appelle la grâce cinégénique.