Les critiques d'Hugues Dayez

Les Critiques d'Hugues Dayez : "Mon crime", le petit théâtre de François Ozon

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Par Hugues Dayez via

Après "Huit femmes" en 2001 et "Potiche" en 2010, François Ozon conclut une trilogie d’adaptations de vieilles pièces de théâtre oubliées. Cette fois, il exhume une pièce de 1934 de Georges Berr et Louis Verneuil, "Mon crime".

L’intrigue démarre un peu comme celle de "Quai des Orfèvres" d’Henri-Georges Clouzot : Madeleine, une jeune comédienne sans le sou mais pas sans ambition, se rend au domicile d’un puissant producteur. Elle découvre un vieux type libidineux qui tente de la violer… Madeleine s’enfuit mais peu après, elle apprend que l’homme a été assassiné. Elle décide de revendiquer ce crime, et de se faire défendre aux assises par Pauline, sa jeune amie avocate, aussi désargentée et ambitieuse qu’elle. Le calcul de Madeleine est simple : la publicité de ce procès pourrait aider sa carrière.

Comme dans ses adaptations précédentes, Ozon parsème la pièce d’un soupçon de modernité, et lui donne quelques accents féministes. Mais s’il avait réussi, grâce à l’ajout de chansons, une fantaisie très innovante avec "Huit femmes", ici, il a la main lourde : voulant pasticher le cinéma des années 30, il accumule les décors de carton-pâte et a demandé à sa pléiade de vedettes – Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier, Régis Laspalès, Isabelle Huppert – de surjouer sans retenue. Résultat : le film ressemble à un festival de cabotinages, de plus en plus indigeste. Dans le rôle de Madeleine, Nadia Tereszkiewicz (lauréate récente du meilleur espoir avec " Les Amandiers) et dans celui de Pauline, Rebecca Marder (" Simone "). Elles jouent avec un peu plus de sobriété que leurs prestigieux aînés, mais cela ne suffit pas à rendre cette comédie moins horripilante.

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Marlowe

Los Angeles, 1939. Dans son bureau, le détective privé Philip Marlowe voit débouler une belle et vénéneuse jeune femme, Clare Cavendish, qui l’engage pour retrouver son amant qui s’est mystérieusement volatilisé. En acceptant cette enquête, Marlowe va pénétrer dans le monde des studios hollywoodiens, et découvrir, à ses risques et périls, le peu reluisant envers du décor…

Après Humphrey Bogart, Elliott Gould, Robert Mitchum et tant d’autres, Liam Neeson revêt l’imperméable et le chapeau mou du célèbre "privé" imaginé en 1934 par Raymond Chandler. Neeson, à 70 ans, est évidemment trop âgé pour le rôle, mais sa stature athlétique lui permet encore de donner le change, et souligne le côté sobrement désenchanté du personnage. Le cinéaste Neil Jordan ("the crying game", "Michael Collins", déjà avec Neeson) filme cet univers rétro avec un certain style, adaptant ici, non pas un roman de Chandler mais un hommage à Marlowe écrit par le grand romancier irlandais John Banville. Evidemment, proposer ce genre de film nostalgique en 2023 est une entreprise qui peut sembler un peu incongrue… Mais l’ensemble distille un certain charme.

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Interdit aux chiens et aux Italiens

Dans ce film d’animation réalisé en stop motion avec des figurines, le réalisateur Alain Ughetto raconte l’histoire de ses grands-parents, campagnards italiens de condition très modeste qui vont traverser bien des vicissitudes et qui, à la fois pour échapper à la montée du fascisme et dans l’espoir d’une vie meilleure, vont émigrer en France. La famille s’agrandit, le pater familias Luigi trouve un travail de contremaître, mais doit aussi subir la xénophobie locale : au café du village, il découvre l’inscription " Interdit aux chiens et aux italiens ".

Le choix des figurines animées, évoluant dans des décors de montages proches des peintures naïves, crée un décalage qui permet à la chronique d’Ughetto d’échapper à un misérabilisme pesant. Le cortège authentique des malheurs enduré par sa famille, et narré en voix off par Ariane Ascaride, traité comme un drame dans un petit théâtre de marionnettes, suscite astucieusement l’imaginaire du spectateur, tout en adoucissant un peu la dureté du propos. La démarche est suffisamment originale pour mériter l’attention des cinéphiles.

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