La soirée a commencé avec "Triangle of sadness" du réalisateur suédois Ruben Östlund, qui avait remporté il y a cinq ans la Palme avec un Ovni puissamment original, "The Square". Son nouveau film est une comédie grinçante construite en trois actes. Au début du film, on fait la connaissance d’un jeune couple de mannequins. Elle est plus célèbre que lui, elle est influenceuse, et après la "Fashion Week", elle est invitée à une croisière de luxe. Sur le somptueux paquebot, le commandant de bord s’enferme dans sa cabine avec ses bouteilles d’alcool, tandis que sur le pont, un oligarque russe et sa femme sont prêts à toutes les folies… Tout va déraper un soir de tempête lors d’un dîner de gala.
Après le triomphe de "The Square", on attendait Ruben Östlund au tournant. Eh bien, ce tournant, il le négocie avec un brio hallucinant. "Triangle of sadness" est une parabole brillantissime sur le fossé de plus en plus indécent entre les pauvres et les riches. Le scénariste et réalisateur suédois nous entraîne dans un jeu de massacre jubilatoire, filmé avec une maestria éblouissante… Son film a beau durer près de deux heures et demie, il regorge d’idées originales et provocantes.
Oser un film comme celui-là aujourd’hui, et le montrer à Cannes, le temple du snobisme et du tape à l’œil, c’est une vraie prouesse qui mérite une très, très bonne place au Palmarès.