Pourquoi cette nouvelle aventure d’Astérix, qui envoie le célèbre petit Gaulois à la rescousse de l’impératrice de Chine menacée par un complot, est un ratage absolu ? Explications.
Le casting. Cédant à la suggestion insistante du vieux big boss de Pathé Jérôme Seydoux, Guillaume Canet s’est laissé convaincre d’incarner lui-même Astérix. Or rien chez l’éternel beau gosse du cinéma français n’évoque, de près ou de loin, le héros créé par Goscinny et Uderzo : ni la voix (Aah, Roger Carel, reviens d’entre les morts !), ni la taille, ni la dégaine. Le "Astérix" de Canet ressemble à un étudiant de première année d’unif qui a cru trouver un chouette déguisement pour une soirée costumée… Eh bien c’est raté. Quant au vieux copain de Guillaume, Gilles Lellouche, il fait tout son petit possible pour faire oublier l’incarnation d’Obélix par Depardieu, véritable atout des films précédents de la série, même des plus mauvais… Mais s’il ne démérite pas, il ne peut pas lutter contre la nature : on ne devient pas obèse comme Obélix en mettant des gros coussins dans son pantalon.
Le reste de la distribution. Si l’insupportable Jonathan Cohen hérite d’un rôle à la Jamel dans "Mission Cléopâtre", (à savoir le protagoniste qui emmène Astérix et Obélix vers la Chine), si Vincent Cassel cabotine à qui mieux mieux dans le rôle de César, les autres acteurs n’ont rien à défendre. Et surtout pas les "people" – Angèle, qui anone ses cinq répliques, Orelsan, inexistant, Big Flo et Oli, etc. -, engagés à prix d’or pour des apparitions surprises qui plombent complètement le rythme du film. Comment Canet est-il tombé dans ce travers grossier – choisir un générique qui ressemble à un carnet mondain, alors que ce travers avait déjà bousillé le "Astérix au Jeux Olympiques" du producteur fou Thomas Langmann ?
Le scénario. C’est le premier des cinq films "live" qui s’appuie sur un scénario "original", et pas adapté d’un des albums existants de la série. Les scénaristes Philippe Mechelen et Julien Hervé – auteurs des "Tuche", tu parles d’une référence ! – ont sans doute fait tourner les tables pour espérer recueillir un soupçon du génie de Goscinny. Las ! Ils signent ici une pâle copie des habituels synopsis des voyages d’Astérix, sans jamais retrouver la verve de son créateur. Les dialogues sont poussifs, les gags éculés, les scènes de bagarre musclées par des effets spéciaux numériques d’une laideur repoussante.
Cet "Astérix" bling-bling, gonflé à l’hélium, mal pensé, mal produit, mal réalisé, est censé réaffirmer la suprématie du cinéma français face aux blockbusters hollywoodiens… Mais James Cameron et les grands studios peuvent dormir tranquille : ce "grand spectacle" 100% camembert est tellement poussif qu’il ne risque pas de leur faire de l’ombre.