Critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "Astérix" par et avec Guillaume Canet, c’est pathétix !

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Un budget pharaonique de 65 millions d’euros. Une campagne de promotion marathon qui vampirise toutes les chaînes françaises depuis plusieurs semaines. Et aujourd’hui, une presse écrite qui flingue le film à bout portant… Autopsie d’un naufrage.

Astérix et Obélix, version Guillaume Canet et Gilles Lellouche
Astérix et Obélix, version Guillaume Canet et Gilles Lellouche © Unifrance – Christophe Brachet

Astérix et Obélix : l’Empire du milieu

L'affiche du nouvel Astérix et Obélix

Pourquoi cette nouvelle aventure d’Astérix, qui envoie le célèbre petit Gaulois à la rescousse de l’impératrice de Chine menacée par un complot, est un ratage absolu ? Explications.

Le casting. Cédant à la suggestion insistante du vieux big boss de Pathé Jérôme Seydoux, Guillaume Canet s’est laissé convaincre d’incarner lui-même Astérix. Or rien chez l’éternel beau gosse du cinéma français n’évoque, de près ou de loin, le héros créé par Goscinny et Uderzo : ni la voix (Aah, Roger Carel, reviens d’entre les morts !), ni la taille, ni la dégaine. Le "Astérix" de Canet ressemble à un étudiant de première année d’unif qui a cru trouver un chouette déguisement pour une soirée costumée… Eh bien c’est raté. Quant au vieux copain de Guillaume, Gilles Lellouche, il fait tout son petit possible pour faire oublier l’incarnation d’Obélix par Depardieu, véritable atout des films précédents de la série, même des plus mauvais… Mais s’il ne démérite pas, il ne peut pas lutter contre la nature : on ne devient pas obèse comme Obélix en mettant des gros coussins dans son pantalon.

Le reste de la distribution. Si l’insupportable Jonathan Cohen hérite d’un rôle à la Jamel dans "Mission Cléopâtre", (à savoir le protagoniste qui emmène Astérix et Obélix vers la Chine), si Vincent Cassel cabotine à qui mieux mieux dans le rôle de César, les autres acteurs n’ont rien à défendre. Et surtout pas les "people" – Angèle, qui anone ses cinq répliques, Orelsan, inexistant, Big Flo et Oli, etc. -, engagés à prix d’or pour des apparitions surprises qui plombent complètement le rythme du film. Comment Canet est-il tombé dans ce travers grossier – choisir un générique qui ressemble à un carnet mondain, alors que ce travers avait déjà bousillé le "Astérix au Jeux Olympiques" du producteur fou Thomas Langmann ?

Le scénario. C’est le premier des cinq films "live" qui s’appuie sur un scénario "original", et pas adapté d’un des albums existants de la série. Les scénaristes Philippe Mechelen et Julien Hervé – auteurs des "Tuche", tu parles d’une référence ! – ont sans doute fait tourner les tables pour espérer recueillir un soupçon du génie de Goscinny. Las ! Ils signent ici une pâle copie des habituels synopsis des voyages d’Astérix, sans jamais retrouver la verve de son créateur. Les dialogues sont poussifs, les gags éculés, les scènes de bagarre musclées par des effets spéciaux numériques d’une laideur repoussante.

Cet "Astérix" bling-bling, gonflé à l’hélium, mal pensé, mal produit, mal réalisé, est censé réaffirmer la suprématie du cinéma français face aux blockbusters hollywoodiens… Mais James Cameron et les grands studios peuvent dormir tranquille : ce "grand spectacle" 100% camembert est tellement poussif qu’il ne risque pas de leur faire de l’ombre.

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Aftersun

Aftersun, l'affiche

Sophie, onze ans, est en vacances dans un club en Turquie avec son père Calum, jeune trentenaire séparé de sa mère. Calum, qui ne roule pas sur l’or et vit de petits boulots, fait de son mieux pour offrir une belle pause estivale à cet enfant qu’il a eu trop jeune et qu’il connaît mal. Ses intentions sont généreuses et sincères, mais il cache mal une mélancolie et une tristesse face à la précarité de sa propre situation…

La réalisatrice Charlotte Wells signe une chronique délicate et sensible d’une fragile relation père fille. Si sa caméra se perd un peu dans des détails inutiles au début du film, le long-métrage gagne en intensité et en profondeur dans sa deuxième partie… Pointons l’interprétation parfaite de naturel de Frankie Corio (Sophie) et de Paul Mescal (Calum), nommé à l’Oscar pour ce rôle.

Aftersun

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La Ligne

L'affiche de "La Ligne"

Le film démarre par une scène de paroxysme, une dispute très violente entre Margaret et sa mère Christina. La décision de justice tombe, implacable : Margaret est soumise à une mesure stricte d’éloignement dans l’attente de son jugement ; elle doit rester à plus de cent mètres du domicile familial.

A une époque où l’actualité met régulièrement en avant les violences subies par les femmes, la réalisatrice Ursula Meier a eu l’envie originale d’explorer la violence au féminin : pourquoi Margaret en est-elle venue à exprimer de telles pulsions ? Quelle est la part de responsabilité de sa mère dans ces pulsions ?

Mais dans sa structure narrative, la cinéaste suisse a choisi la difficulté. Après son "climax" inaugural, au lieu d’embarquer le spectateur dans un long flash-back qui expliquerait le passé tumultueux de la mère et de la fille, elle préfère raconter ce drame familial au présent, et ne livre que quelques informations au compte-goutte sur les profils de Margaret et de Christina. Ce faisant, elle condamne un peu son récit à faire du surplace, décrivant la solitude de la fille et la convalescence de la mère…

C’est insuffisant pour maintenir la tension qu’elle avait réussi à installer au début de son long-métrage. Stéphanie Blanchoud (vue dans la série "Ennemi public") ne démérite pas dans le rôle difficile de Margaret, tandis que Valéria Bruni Tedeschi, dans le rôle de la mère névrosée et toxique, est comme d’habitude : très justement horripilante.

La Ligne

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Knock at the Cabin

L'affiche de "Knock at the Cabin"

Une petite fille asiatique séjourne dans un chalet avec un couple homosexuel qui l’a adoptée. Avec ses deux papas, elle voit surgir un quatuor d’inconnus emmenés par un impressionnant colosse (incarné par Dave Bautista, soit Drax dans "Les Gardiens de la Galaxie"). Tels les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, ils viennent annoncer la fin du monde : épidémies, tsunami, catastrophes naturelles… Seules des vies sacrifiées dans ce chalet pourraient sauver l’humanité. Mais qui choisir ?

M. Night Shyamalan avait fait des débuts fracassants à Hollywood avec le formidable "Sixième Sens". Depuis lors, le cinéaste d’origine indien a tenté jusqu’à plus soif d’explorer la veine du thriller fantastique, avec des fortunes diverses. Avec "Knock at the Cabin", il s’essaie à la fable métaphysique, mais le résultat est tellement appuyé qu’il en devient, hélas, embarrassant. Vous avez dit "prêchi-prêcha" ?

Knock at the Cabin

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