Pierre Lemaître est un des romanciers les plus en vue d’aujourd’hui, à la fois plébiscité par la critique et par le grand public. Après "Au revoir là-haut", auréolé du prix Goncourt et porté à l’écran par Albert Dupontel, voici "Couleurs de l’incendie", deuxième volet du triptyque filmé cette fois par Clovis Cornillac, et adapté par Pierre Lemaître lui-même.
Le film nous reporte en 1927. Madeleine (Léa Drucker) fille d’un riche capitaine d’industrie récemment décédé, se fait rouler dans la farine par Gustave (Benoît Poelvoorde), son homme de confiance. Ruinée, elle va méticuleusement échafauder sa vengeance… Sorte de variation moderne – et féminine – du comte de Monte-Cristo, "Couleurs de l’incendie" est un roman-feuilleton qui reconstitue à la fois une époque troublée (la France de l’entre-deux-guerres et du krach de 1929) et une galerie de personnages contrastés.
Cornillac filme tout ça avec l’application d’un bon élève, multiplie les mouvements de caméra pour montrer ses beaux décors et fait confiance à ses acteurs. Olivier Gourmet, dans le rôle d’un oncle malhonnête, surjoue atrocement, Poelvoorde reste sobre (ouf), et Léa Drucker tire son épingle du jeu. Mais, faute d’un vrai regard de cinéaste, le film manque de souffle et de style. Comme souvent dans ce genre d’entreprise, mieux vaut lire le roman.