"CODA" (abréviation pour "Child of deaf parents") reprend les grandes lignes de la comédie française "La famille Bélier" : on suit le dilemme de Ruby (la jeune actrice anglaise Emilia Jones, une révélation), partagée entre la volonté de continuer à aider ses parents sourds à maintenir à flot leur petite entreprise de pêche, et son désir de devenir chanteuse…
Certains remakes U.S de films français sont des catastrophes ("Buddy Buddy", remake de "L’emmerdeur" qui a coulé la fin de carrière de Billy Wilder, "Dinner for schmucks" avec Steve Carrell, qui a bousillé le "Diner de cons" de Francis Veber…) Par contre, "CODA" est plus réussi que "La famille Bélier". Alors que dans l’original, Karin Viard et François Damiens avaient appris le langage des signes pour jouer les rôles de parents, ici ce sont des véritables acteurs sourds qui les incarnent : Marlee Matlin (lauréate de l’Oscar à ses débuts pour le drame "Les enfants du silence") et Troy Kotsur, récompensé par l’Oscar du meilleur second rôle. L’idée de la réalisatrice/adaptatrice Sian Heder de faire de ce couple non pas des cultivateurs, mais des pêcheurs est excellente, et ajoute de l’ampleur à certaines scènes.
Autre différence notable : dans "La famille Bélier", le professeur de chant (Eric Elmosnino) enseignait des chansons de Michel Sardou à ses élèves. Ici, on échappe à ces tubes franchouillards pour avoir, en point d’orgue du film, la sublime chanson de Joni Mitchell, "Both sides now", réinterprétée magnifiquement par Emilia Jones. Sans être un grand film d’auteur, "CODA" est un film enlevé, généreux, attachant, fédérateur – ce qui explique son triomphe aux Oscars.