L’action du film, librement inspiré de faits réels, se déroule en Iran en 2001. Rahimi, journaliste de Téhéran, débarque dans la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Dans ses démarches et ses interviews, elle se heurte très rapidement aux réticences et à la mauvaise volonté des autorités officielles. Parce que le serial killer – dénommé "Holy Spider" – s’en prend aux prostituées de la ville, certaines instances veulent étouffer l’affaire car lui faire de la publicité, c’est mettre au jour cette réalité, la prostitution, qu’elles veulent nier. Qui plus est, Rahimi est une femme moderne, non croyante, et dérange le pouvoir religieux de Mashhad.
Ali Abbasi, cinéaste danois né à Téhéran, se souvient de l’affaire "Holy Spider" qui a défrayé la chronique dans son pays d’origine à l’orée des années 2000. Dans son film, il a choisi de montrer d’emblée l’identité du tueur, qui se croit investi d’une mission de purification en éliminant ces femmes de "mauvaise vie". Le personnage de Rahimi est une création du réalisateur, qui lui permet de montrer le statut peu enviable de la femme dans la société iranienne, les hypocrisies qui gangrènent Mashhad, "ville sainte" d’une part, carrefour de nombreuses activités illicites d’autre part.
Bien plus qu’un polar haletant, "Holy spider" est une étude au scalpel des contradictions d’un pays, et c’est à ce titre qu’il est passionnant. (Evidemment, le tournage ne s’est pas déroulé en Iran mais en Jordanie, la production est européenne, et l’actrice principale comme le réalisateur vivent aujourd’hui en exil.)