Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "Jeanne du Barry", l’embarrassant nombrilisme de Maïwenn

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Par Hugues Dayez via

Maïwenn fait partie des "protégées" du Festival de Cannes ; elle est à peu près sûre d’avoir à chaque film sa place dans la sélection officielle. Après "Polisse" (Prix du Jury) et "Mon roi" (prix d’interprétation féminine pour Emmanuelle Bescot), elle a donc eu l’honneur de faire le gala d’ouverture de cette édition 2023 avec la présentation hors compétition de son nouveau film, "Jeanne du Barry" – qui sort en salles ce mercredi en France et en Belgique.

Maïwenn réalise et incarne "Jeanne du Barry"
Maïwenn réalise et incarne "Jeanne du Barry" © DR

Jeanne du Barry

L'affiche de "Jeanne du Barry"

Née en 1743, Jeanne Vaubernier, roturière, se découvre un destin de courtisane. Par l’entregent du comte du Barry, elle gravit l’échelle sociale pour devenir la favorite du roi Louis XV. A la cour de Versailles, sa beauté et sa personnalité très libre ne tardent pas à attiser les jalousies, à commencer par celles des filles du souverain…

On comprend ce qui, dans le profil anticonformiste de "La du Barry", a donné envie à Maïwenn de se lancer dans la réalisation de son premier film d’époque. Là où le bât blesse, c’est qu’elle se soit octroyé le rôle principal. Car Maïwenn a certes du tempérament, mais n’est en aucun cas une actrice de composition. Loin de servir le rôle, elle fait tout pour le ramener à elle. Le film se réduit alors à un véhicule pour son envahissant nombrilisme ; elle doit en permanence occuper le devant de la scène, et les autres protagonistes en sont réduits à faire de la figuration (Johnny Depp, choisi absurdement pour incarner Louis XV, est fantomatique et annone quelques répliques en français).

A partir du moment où le film devient un "showroom Maïwenn", tout enjeu dramatique se délite et le long-métrage est une illustration linéaire et sans surprise du vieux thème "grandeur et décadence d’une courtisane". Il aurait sans doute fallu à la manœuvre le duo Stephen Frears/ Christopher Hampton (auteurs du chef-d’œuvre "Les liaisons dangereuses" d’après Choderlos de Laclos) pour hisser ce "Jeanne du Barry" à un autre niveau de cinéma.

Jeanne du Barry

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Quand tu seras grand

"Quand tu seras grand"

Yannick est aide-soignant dans un EHPAD, et le manque de moyen endémique de cette maison de retraite a tendance à mettre ses nerfs à rude épreuve, même s’il se dévoue sans compter pour son métier. Mais lorsque le directeur lui annonce que, le réfectoire de l’école voisine étant devenu insalubre, les enfants vont venir prendre leurs repas dans celui de l’EHPAD, son sang ne fait qu’un tour… Ses premiers contacts avec Aude, la monitrice des enfants, vont être électriques. Mais cette cohabitation forcée va les obliger tous deux à se poser la bonne question : est-ce que la rencontre entre les gosses et les personnes âgées est forcément une mauvaise chose ?

Après avoir remporté un succès critique et public mérité avec leur premier film "Les chatouilles" (qui abordait avec sensibilité le thème délicat de la pédophilie), Andréa Bescond et Eric Métayer traitent ici d’une autre problématique, celle du sort réservé aux couches plus âgées de la population. Mais ils évitent soigneusement de tomber dans les lourdeurs du film à thèse. "Quand tu seras grand" est d’abord un film de personnages, et Vincent Macaigne (Yannick) et Aïssa Maïga (Aude) trouvent ici des excellents rôles, bien écrits, avec des dialogues spirituels qui font mouche. L’autre belle idée de casting de Bescond et Métayer, c’est d’avoir voulu trouver des visages peu connus tant pour les enfants que pour les pensionnaires de l’Ehpad – beaucoup d’acteurs chevronnés viennent du théâtre – et cela apporte à la fois de la fraîcheur et de la crédibilité à ce film choral tendre et drôle.

Quand tu seras grand

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Le Paradis

"Le Paradis"

Joe a dix-sept ans. Auteur de petits délits, il est dans une IPPJ, un centre fermé dont il pourra sortir très bientôt, s’il continue à suivre les consignes. Si la juge approuve sa libération, il pourra s’installer en autonomie dans un appartement. C’est alors que débarque dans le centre William, un jeune délinquant appelé à y faire un long séjour… Joe est attiré par William, et cette attirance devient vite réciproque. Mais comment vivre un coup de foudre dans de telles conditions ?

Interprété par un casting français convaincant – les jeunes Khalil Gharbia et Julien De Saint-Jean, sans oublier l’excellente Eye Haïdara dans le rôle d’une éducatrice du centre, "Le paradis" expose bien le dilemme de Joe : l’amour ou la liberté ?

Pour son premier long-métrage, le réalisateur bruxellois d’origine tunisienne Zéno Graton opte pour un traitement réaliste – l’influence, consciente ou non, du cinéma des frères Dardenne ? – d’un thème qui risquait de verser dans les débordements de pathos… C’est tout à son honneur, même si le film cherche un peu sa fin – sans doute un peu abrupte.

Le Paradis

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