Dans ce film, Louis Garrel est Abel, jeune veuf qui a conservé une grande complicité avec Clémence, une amie de sa femme. Abel est assez estomaqué de voir sa mère Sylvie, actrice donnant un cours de théâtre en prison, se marier avec Michel, un séduisant détenu. Lorsque ce dernier obtient une libération conditionnelle et parvient à trouver un local commercial en plein Paris pour que Sylvie y crée un magasin de fleurs, Abel se pose la question : d’où vient l’argent ? Et voilà le beau-fils qui décide de prendre en filature son beau-père, avec l’aide de sa copine Clémence… Une filature qui va l’entraîner très loin.
Louis Garrel s’est inspiré d’une anecdote réelle – sa mère, Brigitte Sy, a réellement épousé un détenu – pour laisser vagabonder son imagination. La première réussite de son film, c’est l’intelligence de son casting : Noémie Merlant ("Portrait de la jeune fille en feu") est pétillante dans le rôle de Clémence, Anouk Grinberg (déjà revue dans "La nuit du 12") incarne une Sylvie passionnée et incontrôlable, et Roschdy Zem est très crédible en malfrat repenti.
Garrel parvient à donner de la chair à ses personnages sans pour autant perdre de vue les rebondissements de son intrigue. Dans la deuxième partie de sa comédie, il réussit un formidable moment de cinéma, dans le décor le moins glamour qui soit : un restoroute, la nuit… "L’innocent", c’est spirituel, c’est attachant, c’est bourré de charme, c’est du cinéma français comme on l’aime.