Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "L’innocent", réjouissante comédie de Louis Garrel

L’innocent, de Louis Garrel

© Les Films des Tournelles

De Louis Garrel, on a surtout l’image de l’acteur intello-parisien Rive Gauche, slalomant entre les films pointus de Christophe Honoré, de son père Philippe Garrel ou encore d’Arnaud Desplechin… La surprise est donc grande de le voir réaliser une comédie aussi virevoltante que "L’innocent".

L’innocent

L'affiche de "L'innocent"

Dans ce film, Louis Garrel est Abel, jeune veuf qui a conservé une grande complicité avec Clémence, une amie de sa femme. Abel est assez estomaqué de voir sa mère Sylvie, actrice donnant un cours de théâtre en prison, se marier avec Michel, un séduisant détenu. Lorsque ce dernier obtient une libération conditionnelle et parvient à trouver un local commercial en plein Paris pour que Sylvie y crée un magasin de fleurs, Abel se pose la question : d’où vient l’argent ? Et voilà le beau-fils qui décide de prendre en filature son beau-père, avec l’aide de sa copine Clémence… Une filature qui va l’entraîner très loin.

Louis Garrel s’est inspiré d’une anecdote réelle – sa mère, Brigitte Sy, a réellement épousé un détenu – pour laisser vagabonder son imagination. La première réussite de son film, c’est l’intelligence de son casting : Noémie Merlant ("Portrait de la jeune fille en feu") est pétillante dans le rôle de Clémence, Anouk Grinberg (déjà revue dans "La nuit du 12") incarne une Sylvie passionnée et incontrôlable, et Roschdy Zem est très crédible en malfrat repenti.

Garrel parvient à donner de la chair à ses personnages sans pour autant perdre de vue les rebondissements de son intrigue. Dans la deuxième partie de sa comédie, il réussit un formidable moment de cinéma, dans le décor le moins glamour qui soit : un restoroute, la nuit… "L’innocent", c’est spirituel, c’est attachant, c’est bourré de charme, c’est du cinéma français comme on l’aime.

L’origine du mal

L'affiche de "L'origine du mal"

Stéphane, jeune femme d’origine modeste, a été élevée par sa mère et n’a jamais connu son père, Serge, richissime homme d’affaires. Elle parvient à retrouver sa trace et lui écrit son désir de le rencontrer. Serge l’invite dans son domaine, une luxueuse propriété sur l’île de Porquerolles. Stéphane y découvre une famille hostile. Il y a Louise, l’épouse de Serge, femme-enfant qui accumule les achats les plus improbables sur Internet et qui transforme la maison en capharnaüm. Il y a George, la fille de Serge qui a repris les rênes de sa société et qui déteste son père. Il y a aussi une petite fille, adolescente revêche, et une gouvernante peu amène… Stéphane va vite se rendre compte que si son père Serge l’a invitée, c’est pour la manipuler et en faire son alliée, contre sa femme et sa fille.

Le réalisateur Sébastien Marnier (déjà auteur du polar " Irréprochable " avec Marina Foïs) a réuni un casting détonnant : Laure Calamy – décidément de plus en plus indispensable – compose une Stéphane faussement naïve, Jacques Weber est excellent en patriarche roublard et méprisant, Dominique Blanc est très inspirée en femme dépensière et fantasque, et Dora Tillier s’impose en femme d’affaires arrogante. Marnier orchestre ce jeu de rivalités et de faux-semblants dans une ambiance étouffante qui rappelle les films les plus inspirés de Chabrol, mais aussi les polars vénéneux de Patricia Highsmith et Ruth Rendell – on a déjà vu des comparaisons moins flatteuses…

"L’origine du mal" s’impose comme un savoureux film noir ; ne boudons pas notre plaisir.

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Simone, le voyage du siècle

L'affiche de "Simone, le voyage du siècle"

Simone Veil, personnalité emblématique du XXe siècle, méritait sans doute un biopic. C’est aujourd’hui chose faite avec ce film signé Olivier Dahan ("La môme") et initié par Elsa Zylberstein. Les hauts faits de la grande dame sont bien présents : sa défense du projet de loi dépénalisant l’avortement en 1974, sa candidature à l’Europe, sa lutte contre le FN, sa captivité à Auschwitz…

L’ambition du film étant, entre ces grands moments de l’Histoire, de dresser un portrait plus intime de Simone Veil. Le résultat est instructif, quasi hagiographique, mais sur le plan cinématographique, c’est terriblement long et conventionnel. Plus que la prestation de Zylberstein, c’est celle de Rebecca Marder, qui incarne la jeune Simone, qui impressionne.

The Woman King

"The Woman King"

A l’origine du film, un fait historique oublié : au XIXe siècle en Afrique de l’Ouest, le royaume du Dahomey était défendu par les Agojié, une tribu de guerrières d’une incroyable bravoure. "The woman king" raconte le destin de celle qui en prit la tête.

L’actrice Viola Davis s’est emparée du sujet pour en faire un manifeste politique : produire à Hollywood un blockbuster à dominante féminine et afro-américaine. Noble projet, mais le résultat n’est pas à la mesure de l’attente : le film hésite entre la rigueur historique et le divertissement grand public, entre le film d’action pur jus et le portrait psychologique d’une femme ballottée entre le pouvoir masculin et l’oppression des colons. Le résultat est bâtard, comme si les producteurs voulaient à la fois la crédibilité d’un biopic sérieux et le sex-appeal d’un "Black panther". A force de faire le grand écart, "The woman king" manque furieusement de cohérence.

Le Petit Nicolas

"Le Petit Nicolas"

Faut-il encore présenter le Petit Nicolas, délicieux personnage créé par Sempé et Goscinny au cœur des années 50 ? Oubliez les adaptations avec des acteurs (Kad Merad et autres Valérie Lemercier) ; ce nouveau film est un dessin animé qui cherche à retrouver le charme fragile de la plume de Sempé.

Les enfants pourront découvrir les premiers exploits de Petit Nicolas, tandis qu’entre deux historiettes, les parents apprendront tout de l’enfance de Jean-Jacques Sempé et René Goscinny, leur rencontre et leurs sources d’inspirations… Le projet était un peu risqué de par son caractère hybride, le résultat est charmant.

Halloween ends

"Halloween ends"

Treizième et ultime volet de la saga commencée en 1978 par John Carpenter, ce "Halloween" propose la confrontation ultime entre l’horrible croquemitaine Michael Myers, toujours coiffé de son masque blafard, et sa victime préférée, Laurie Strode, aujourd’hui grand-mère.

Dernier volet d’une trilogie de "retour aux sources du mythe" entamée en 2018 avec un énorme succès commercial, ce "Halloween ends" n’ajoute pas grand-chose à la légende… Mais offre le plaisir aux fans de retrouver la formidable Jamie Lee Curtis, une des stars les plus talentueuses et sous-utilisées de Hollywood.

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