Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "Stillwater" avec Matt Damon, un Américain à Marseille

Matt Damon et Camille Cottin à la présentation de "Stillwater" à Cannes, en juillet 2021

© Lionel Hahn/Getty Images

Par Hugues Dayez

A cinquante ans, Matt Damon reste une des stars les plus prisées du cinéma américain, passant avec aisance du blockbuster hollywoodien (la franchise Jason Bourne) au film indépendant ("Suburbicon", "Downsizing"). "Stillwater" de Tom Mc Carthy, cinéaste oscarisé pour "Spotlight", fait partie de la seconde catégorie…

Stillwater

L'affiche de "Stillwater"

Damon y incarne Bill, un "roughneck", un ouvrier foreur dans l’industrie du pétrole en Oklahoma. Il franchit l’Atlantique et aboutit à Marseille, ville où sa fille est en prison pour un meurtre qu’elle clame ne pas avoir commis. Faute de nouveaux éléments apportés à l’enquête, ses avocats n’envisagent pas une révision de son procès. Pour tenter de se rapprocher de cet enfant qu’il connaît mal, Bill décide de rester à Marseille afin de mener lui-même l’enquête. Sans parler un mot de français, perdu dans une vie citadine dont il ne connaît pas les codes, Bill va rencontrer Virginie (Camille Cottin), mère célibataire, actrice de théâtre, qui va essayer de l’aider tant bien que mal…

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"Stillwater", coécrit par Tom McCarthy et Thomas Bidegain (le scénariste de Jacques Audiard), mène de front deux aspects, le polar et le portrait psychologique d’un véritable choc des cultures entre cet Américain un peu fruste et cette Française bobo. A l’écran, le face-à-face Matt Damon/ Camille Cottin est une vraie réussite. En 1975, dans la suite de "French Connection", le réalisateur John Frankenheimer faisait débarquer Gene Hackman, alias le flic Popeye Doyle, à Marseille, pour un thriller plein de relief. Plus de 45 ans plus tard, Tom McCarthy reprend le même principe de l’étranger plongé dans une métropole totalement exotique pour lui… "Stillwater" déploie un scénario moins musclé mais aussi plus émouvant.

STILLWATER

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Tout s’est bien passé

L'affiche de "Tout s'est bien passé"

A l’origine du nouveau film de François Ozon, il y a le récit d’Emmanuelle Berheim, romancière décédée d’un cancer il y a quatre ans. Elle y racontait comment son père André, collectionneur d’art, bon vivant, lui avait demandé d’organiser son euthanasie après avoir été victime d’un AVC. Face à un acte toujours tabou en France, Emmanuelle et sa sœur ont alors été placées devant ce "cadeau empoisonné" offert par leur père.

lire aussi : La présentation de "Tout s’est bien passé" à Cannes

Ami d’Emmanuelle Bernheim – ils ont travaillé ensemble pour "Sous le sable" ou "Swimming pool" -, François Ozon a pris du recul après la disparition de sa complice et adapte donc aujourd’hui à l’écran cette intense histoire de famille. Il se met complètement au service de son sujet et de ses acteurs. Il offre à Sophie Marceau un des meilleurs rôles de sa carrière (une carrière très décevante ces dernières années) et permet à André Dussollier de renouer avec un rôle plus exigeant (ses récentes apparitions dans des comédies indignes de son talent faisaient peine à voir).

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C’est un film digne, dénué de pathos, dans la lignée de "Grâce à Dieu" : c’est du Ozon au premier degré, très loin de l’ambiguïté perverse de "Dans la maison" ou "Jeune et jolie".

TOUT S'EST BIEN PASSÉ, de François Ozon

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