Critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "The Chapel", un suspense original à la Chapelle Reine Elisabeth

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Comment aucun cinéaste belge n’y avait pensé plus tôt ? La semaine où les douze finalistes du Concours Reine Elisabeth sont enfermés dans la Chapelle pour répéter le concerto imposé et préparer leur concert est un formidable espace pour créer une fiction… Avec "The Chapel", c’est enfin chose faite.

The Chapel

L'affiche de "The Chapel"

Après un long séjour aux USA, Dominique Deruddere s’est un peu fait oublier dans son pays natal. Et pourtant, le cinéaste belge a signé quelques films mémorables : "Crazy love", formidable adaptation des nouvelles de Charles Bukowski, ou encore "Iedereen Beroemd" qui, bien avant " Close " de Lukas Dhont, avait décroché une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger.

Aujourd’hui, Deruddere revient avec un drame qu’il a lui-même écrit : "The Chapel", soit l’itinéraire de Jennifer, jeune pianiste couvée par sa mère, qui décroche une place parmi les douze finalistes du Concours Reine Elisabeth. Dans cette atmosphère studieuse, où les candidats sont coupés du monde extérieur, des complicités se nouent, des rivalités aussi… Mais Jennifer ne serait-elle pas elle-même sa pire ennemie, en devant combattre dans ce contexte oppressant les fantômes de son propre passé ?

Biberonné au cinéma américain – il a réalisé, en son temps, "Bandini" avec Joe Mantegna et Faye Dunaway – Deruddere est persuadé qu’une bonne image vaut mieux qu’un long discours, et scrute les visages et les gestes de ces jeunes musiciens, et explore les angoisses existentielles de Jennifer à l’aide de flash-back.

Il parvient à créer une vraie tension dramatique dans son film, sans avoir recours à un quelconque coup de théâtre artificiel. C’est grâce à cette sobriété, alliée à une vraie fluidité narrative, que "The Chapel" tient en haleine, de bout en bout. Et pas besoin d’être un mélomane patenté pour suivre le parcours tourmenté de la jeune héroïne du film.

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Retour à Séoul

L'affiche de "Retour à Séoul"

Sur un coup de tête, une jeune parisienne de 25 ans, Freddie, décide de se rendre à Séoul pour retrouver la trace de ses parents biologiques. Grâce au centre national qui conserve les dossiers des enfants coréens adoptés, elle ne tarde pas à retrouver la trace de son père, mais les retrouvailles s’avèrent décevantes. Freddie se décide alors à tenter de revoir sa mère, mais cette démarche va se révéler bien plus ardue.

Le cinéaste franco-cambodgien Davy Chou a trouvé en Parki-Ji Min, artiste plasticienne et actrice non professionnelle, une interprète idéale pour incarner Freddie, jeune femme impulsive, parfois fantasque, souvent indéchiffrable. La suivre dans ses déambulations est à la fois la force et la faiblesse du film. La force, car Chou a le sens des images et des ambiances pour faire éprouver au spectateur l’écartèlement du personnage, partagé entre sa culture européenne et ses racines asiatiques. La faiblesse, car le cinéaste ayant choisi de suivre les atermoiements de celle-ci, le rythme et la structure de son film s’en ressentent, avec des ellipses parfois abruptes et une intrigue qui va cahin-caha… "Retour à Séoul" est donc un film traversé de beaux moments, mais terriblement inégal.

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No Bears

L'affiche de "No Bears"

Jafar Panahi est au cœur de l’actualité : le cinéaste iranien vient d’être libéré après avoir passé sept mois en prison, et alors qu’il venait d’entamer une grève de la faim. Célébré dans les festivals internationaux depuis plus de deux décennies, Panahi est devenu le symbole de l’artiste résistant et intègre, cherchant par tous les moyens à exercer son métier librement dans un pays où le pouvoir en place cherche à le faire taire.

"No bears", auréolé d’un prix spécial à la dernière Mostra, est une fois de plus un film de contrebande, où Panahi, frappé d’interdiction de filmer, ruse avec le régime. Il se filme, installé dans un petit village près de la frontière, d’où, via son PC, il donne des indications à distance à son assistant metteur en scène pour filmer un nouveau long-métrage dans les rues de Téhéran. Le sujet du film, c’est le destin d’un couple qui tente de quitter le pays et de trouver des passeports européens. Mais tandis qu’il filme de loin cette histoire d’amour, Jafar Panahi est pris à partie par les autorités du village : n’a-t-il pas pris des photos d’un couple illégitime qui fait scandale dans le patelin ? Que compte-t-il faire de ces photos ? Alors que le cinéaste se croyait "planqué", bien loin des diktats officiels, il se retrouve pris en tenaille…

"No bears", à travers sa mise en abyme, pose la question : que filmer encore aujourd’hui en Iran ? Et comment le filmer ? Il y a beaucoup de significations implicites dans ce film intéressant et courageux, mais parfois un peu opaque… A réserver aux cinéphiles assidus du travail de Panahi.

 

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