Après un long séjour aux USA, Dominique Deruddere s’est un peu fait oublier dans son pays natal. Et pourtant, le cinéaste belge a signé quelques films mémorables : "Crazy love", formidable adaptation des nouvelles de Charles Bukowski, ou encore "Iedereen Beroemd" qui, bien avant " Close " de Lukas Dhont, avait décroché une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger.
Aujourd’hui, Deruddere revient avec un drame qu’il a lui-même écrit : "The Chapel", soit l’itinéraire de Jennifer, jeune pianiste couvée par sa mère, qui décroche une place parmi les douze finalistes du Concours Reine Elisabeth. Dans cette atmosphère studieuse, où les candidats sont coupés du monde extérieur, des complicités se nouent, des rivalités aussi… Mais Jennifer ne serait-elle pas elle-même sa pire ennemie, en devant combattre dans ce contexte oppressant les fantômes de son propre passé ?
Biberonné au cinéma américain – il a réalisé, en son temps, "Bandini" avec Joe Mantegna et Faye Dunaway – Deruddere est persuadé qu’une bonne image vaut mieux qu’un long discours, et scrute les visages et les gestes de ces jeunes musiciens, et explore les angoisses existentielles de Jennifer à l’aide de flash-back.
Il parvient à créer une vraie tension dramatique dans son film, sans avoir recours à un quelconque coup de théâtre artificiel. C’est grâce à cette sobriété, alliée à une vraie fluidité narrative, que "The Chapel" tient en haleine, de bout en bout. Et pas besoin d’être un mélomane patenté pour suivre le parcours tourmenté de la jeune héroïne du film.