Critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "The Power of the Dog", le retour au cinéma de Jane Campion

Benedict Cumberbatch, dans "The Power of the Dog"

© courtesy of Netflix

Après avoir signé deux saisons de la série "Top of the lake", la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion (restée célèbre pour sa Palme d’or décernée à "La leçon de piano", revient au cinéma avec un western atypique, produit par Netflix mais visible d’abord dans nos salles avant d’être mis en ligne dans quinze jours sur la plateforme. "The Power of the Dog" lui a valu le Lion d’Argent de la meilleure mise en scène à la Mostra de Venise.

The Power of the Dog

L'affiche de "The Power of the Dog"

Dans le Montana, les frères Phil et George Burbank semblent inséparables pour conduire leur bétail et gérer leur ranch, le plus gros de la vallée. Mais lorsque George épouse et ramène à la maison Rose, une jeune veuve et Peter, son fils adolescent, Phil prend ce geste comme une trahison et décide de faire tout ce qui est en son pouvoir pour assombrir le quotidien de la jeune femme.

"The Power of the Dog" a toutes les apparences d’un western : les grands espaces – même si, au lieu du Montana, le film a été en réalité tourné en Nouvelle Zélande -, un certain folklore. Mais en réalité, Campion met en scène un huis clos à ciel ouvert, où la pression psychologique se fait de plus en plus étouffante. Aux côtés de Jesse Plemons et Kirsten Dunst, Benedict Cumberbatch réussit une composition impressionnante dans le rôle de Phil, cow-boy macho, pervers et cruel.

Campion, qui a toujours été une grande créatrice d’images sublimes ("La leçon de piano", "Bright star") sacrifie parfois le rythme de son récit par esthétisme mais, en dépit de ces petites faiblesses, réussit son retour au cinéma avec un drame original et souvent envoûtant. Même si le film sera disponible le 1er décembre sur Netflix, il mérite une découverte sur grand écran.

The worst person in the world (Julie en 12 chapitres)

"Julie en 12 chapitres", l'affiche

Présenté en compétition à Cannes, le nouveau film de Joachim Trier a permis à une quasi-inconnue, l’actrice norvégienne Renate Reinsve, de remporter à la surprise générale le prix d’interprétation féminine du festival. Dans cette chronique, elle incarne Julie, une jeune fille bientôt trentenaire, qui n’arrive pas à choisir, ni professionnellement ni sentimentalement. Elle entame des études qu’elle abandonne, elle végète, elle se met en couple avec Aksel, dessinateur de bande dessinée quadragénaire… Quand elle pense avoir trouvé un certain équilibre avec lui, elle rencontre Eivind, un homme plus jeune… Où va-t-elle trouver le secret du bonheur ?

Le film de Trier est à la fois brillant et horripilant. C’est un film éminemment générationnel, qui restera comme un témoignage très juste des années 2020, et d’une certaine frange des jeunes adultes. Mais le personnage de Julie, dans ses atermoiements sans fin, est difficilement supportable pour une partie du public (plus âgée qu’elle sans doute) qui a grandi avec des valeurs comme l’engagement et le dépassement de soi. Elle est, certes, le reflet d’une époque gangrenée par le doute et l’écroulement des certitudes. Mais – pour employer un adjectif à la mode – c’est un personnage définitivement clivant, à l’image du film.

The worst person in the world (Julie en 12 chapitres)

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Haute Couture

L'affiche du film "Haute Couture"

Esther, femme dure et exigeante, dirige l’atelier de couture de la Maison Dior, et prépare son dernier défilé ; elle va devoir se résoudre à prendre sa retraite. Un soir, alors qu’elle regagnait son petit pavillon de banlieue, elle se fait voler son sac par deux jeunes "beurettes" de banlieue. L’une d’elles, Jade, prise de remords, vient lui restituer l’objet volé. Touchée par le geste, Esther a envie de sortir Jade de la grisaille morose de son quotidien, et décide de la prendre comme stagiaire dans l’atelier Dior…

Le scénario de "Haute couture", écrit par la réalisatrice d’origine tunisienne Sylvie Ohayon, est a priori – sans mauvais jeu de mots – cousu de fil blanc : la rencontre entre deux femmes que tout sépare, l’âge, la culture, le milieu social. Mais l’intérêt du film est ailleurs : dans l’esprit des dialogues et la justesse de l’interprétation. Avec Esther, Nathalie Baye trouve un de ses meilleurs rôles depuis des lustres, et Lyna Khoudri ("Papicha", "The french dispatch") confirme les espoirs qu’on place en elle. Film sur la transmission, éloge d’un métier, " Haute couture " se révèle plus émouvant que prévu…

HAUTE COUTURE(2021) Nathalie Baye, Lyna Khoudri

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Ghostbusters, afterlife

Ghostbusters, afterlife

Le cinéaste Jason Reitman ("Juno", "In the air", "Tully") était gamin quand son père Ivan a connu un succès mondial avec "Ghostbusters" (SOS Fantômes) en 1984. Plus de trente-cinq ans plus tard, il livre une suite inattendue à ce blockbuster des eighties. Les petits enfants d’un des chasseurs de fantômes (celui incarné par Harold Ramis, acteur/scénariste/réalisateur décédé depuis) héritent de sa maison perdue dans la campagne, et découvrent les secrets de son laboratoire. Des secrets qui vont leur être bien utiles lorsque de nouveaux fantômes vont poindre le bout de leur nez.

Jason Reitman ne s’en cache pas : il a grandi avec "E.T", "Gremlins", "Les Goonies", ces films d’aventures mettant en scène des adolescents dans les années 80. Et même si son "Ghostbusters" se déroule aujourd’hui, il dégage un charmant parfum "vintage" comme s’il avait été produit par Steven Spielberg dans sa jeunesse. Même s’il n’invente rien, le film est le divertissement intergénérationnel par excellence, capable de séduire les nostalgiques comme la nouvelle génération fan de "Stranger things"…

GHOSTBUSTERS: AFTERLIFE - Official Trailer (HD)

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