Namur

« Les dealers ne sont pas les bienvenus à Ciney ! » : la ville dresse son bilan d’un an de lutte contre les stupéfiants

Saisie de drogue et d’argent

© Zone de police Condroz-Famenne

Par Odile Leherte

Deux plantations de cannabis mises au jour, un quartier perturbé par des consommateurs et revendeurs de drogues qui a retrouvé sa sérénité et le démantèlement d’un trafic de stupéfiants : le bourgmestre de Ciney et le chef de corps de la zone de police Condroz-Famenne ne sont pas peu fiers du bilan qu’ils ont tenu à montrer en détail à la presse ce mardi 18 avril. Un bilan en guise de message aux vendeurs, revendeurs, trafiquants de drogue : "Ciney est une ville paisible et calme, vous n’êtes pas les bienvenus", clame le bourgmestre Frédéric Deville.

Le chef de corps Jean-Pierre Descy l’a répété plusieurs fois en une heure et demie : "Ciney n’est pas Chicago". Non, Ciney n’est pas Chicago, mais la petite ville a été confrontée ces dernières années à un phénomène global : " la toxicomanie est un phénomène qui se répand, notamment dans les milieux les plus précarisés ". Ce public aura davantage tendance à faire de la "micro-revente" pour assurer sa propre consommation "et ils mettent le doigt dans l’engrenage de la criminalité", déplore Jean-Pierre Descy.

La prise de conscience à Ciney date de l’an dernier. Un quartier de Ciney a commencé à faire parler de lui. Des vidéos de bagarres, d’autres troubles à l’ordre public, de dégradation de mobilier urbain dans le quartier Courtejoie ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux. On parle de consommation de drogue. Des citoyens interpellent le bourgmestre. "Effectivement les gens se confient plus facilement au bourgmestre qu’à la police. Cela a débouché sur une réunion avec la police et sur l’opération que la police vient de mener depuis plus de douze mois".

Le bourgmestre aussi auditionne

Le bourgmestre est responsable de la sécurité dans sa commune. "La police m’a demandé d’assumer plus ma fonction de police administrative, ce qui n’avait jamais été fait à Ciney auparavant en tout cas dans le secteur des stups. J’ai donc auditionné deux personnes qui étaient à l’origine de troubles et de comportements nuisibles". Ces auditions ont débouché sur des interdictions de lieu. "En tant que responsable de la police administrative, j’ai interdit à ces personnes de fréquenter certains quartiers de la ville de Ciney. Conjuguée au travail de la police, cette décision a permis de retrouver un quartier calme à Ciney", s’enorgueillit Frédéric Deville.

Un travail au long cours

"Ce sont les circonstances qui nous ont amenés à détecter des comportements problématiques, symptomatiques de consommation de drogue, explique Jean-Pierre Descy, ce sont des alertes qui permettent de visibiliser le phénomène". La police continuera à démêler les fils de la vente-consommation-revente de drogues et aboutira à des découvertes qui ont surpris le bourgmestre. "Quand on a découvert deux cannabicultures, ou qu’on a découvert qu’une voiture livrait de la drogue à Ciney quotidiennement en venant de Liège et que c’était un réseau organisé, cela m’a interpellé car cela montre l’ampleur du problème", réagit le bourgmestre.

La technologie comme outil de détection

Des cultures de cannabis nécessitent beaucoup d’électricité. C’est le gestionnaire du réseau électrique qui a prévenu la police de la surconsommation anormale de deux bâtiments à Hamois, ce qui a permis aux agents de découvrir le pot aux roses.

Cannabiculture
Cannabiculture © Zone de police Condroz-Famenne

La technologie encore (des caméras ANPR, qui reconnaissent automatiquement les plaques d’immatriculation) permettra de découvrir qu’un véhicule (pas toujours le même) livre de la drogue quotidiennement à Ciney. Quinze points d’arrêt sont dévoilés et cela représente une quarantaine de clients potentiels. Ensuite, la voiture poursuit sa route vers d’autres villes wallonnes.

Il s’agissait en fait de livreurs liégeois. "Nous avons démantelé la partie qui géographiquement nous concernait", ajoute Jean-Pierre Descy. "Nos dossiers se veulent courts et précis", insiste-t-il. Avec ses huit enquêteurs, même si les services de proximité et de la circulation ont participé à la lutte contre les stupéfiants, la police de Condroz Famenne ne dispose en effet pas des ressources nécessaires à investiguer au-delà de son territoire.

"Sur moins d’un an, ce sont 21 mandats d’arrêt qui ont été délivrés par la justice, et quatorze sont toujours en cours. Ce sont des résultats intéressants pour nous dans le cadre de la lutte contre la toxicomanie", se réjouit le chef de zone, qui rappelle que la consommation de stupéfiants est aussi punissable, ainsi que la "facilitation" de la consommation. "La facilitation, c’est être un consommateur soi-même et stimuler une connaissance à consommer avec. Faciliter la consommation d’autrui fait partie des circonstances aggravantes au niveau pénal".

Sur le même sujet : Extrait Viva Namur (19/04/2023)

Ciney dresse son bilan d’un an de lutte contre les stupéfiants (O. Leherte - 09/04/2023)

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