Le premier coup de pelle d’un chantier ambitieux a été donné ce lundi au Centre d’Etude nucléaire. A partir de 2026, Recumo s’élèvera sur le site du CEN à Mol dans le Limbourg. Cette installation flambant neuve est une exclusivité mondiale. Elle recyclera les résidus radioactifs en uranium faiblement enrichis issus de la production de radio-isotopes médicaux.
La Belgique leader mondial en production de radio-isotopes médicaux
Le saviez-vous ? La Belgique fait partie de l’élite mondiale dans le domaine de la médecine nucléaire. Au centre d’Etude nucléaire à Mol, le CEN et à l’Institut des radio-éléments à Fleurus, l’IRE, des chercheurs fabriquent des radio-isotopes qui sont utilisés pour soigner les gens. Les services d’imagerie médicale, la scintigraphie en particulier, dépistent les tumeurs cancéreuses grâce à ces radio-isotopes de très courte vie et éliminés rapidement par notre organisme.
La Belgique fournit presque toute l’Europe et un quart de la production mondiale de radio-isotopes médicaux. A l’avenir, le CEN et l’IRE vont faire mieux. Ils vont créer une économie circulaire dans la production de radio-isotopes.
Une première mondiale : 99% d’uranium réutilisable
Présent à Mol, Erich Kollegger, le directeur de l’IRE (l’Institut des radio-éléments) ne cache pas sa fierté et son émotion : " Nous sommes témoins d’un moment historique. Nous sommes les premiers, dans le monde, à mettre en place une unité qui va récupérer l’uranium qui est encore utilisable dans les matières irradiées. Nous ne connaissons aucun autre pays qui effectue actuellement le recyclage de la matière irradiée pour fabriquer des radio-isotopes. "
Erich Holleger est d’autant plus enthousiaste que cette économie circulaire mise en place avec la construction de Recumo permettra de récupérer un maximum de l’uranium utilisé dans la fabrication de radio-isotopes. Il nous explique : " Lorsqu’on irradie des cibles, ce n’est jamais plus d’une semaine et on réalise la fission de très peu d’uranium 235. Globalement, ça veut dire qu’avec Recumo, nous allons récupérer 99% d’uranium valorisable. "
Une économie circulaire
Concrètement, l’installation Recumo va récupérer l’uranium parmi les déchets et le réinjecter dans le cycle de production comme le précise Peter Baeten, directeur général du SCK CEN : " Nous allons purifier les déchets et en extraire l’uranium irradié. Ensuite nous allons réduire l’uranium hautement enrichi pour réobtenir un uranium seulement enrichi à 20%. Pour ce faire, nous allons le mélanger à de l’uranium naturel. Nous donnons une seconde vie à ces résidus radioactifs. Ils redeviennent ainsi une matière première réutilisable et peuvent servir de combustible pour les réacteurs de recherche ou de cibles’ pour la production de nouveaux radio-isotopes ". RECUMO assure, de la sorte, la sécurité d’approvisionnement en radio-isotopes médicaux dans le monde.
Peter Baeten enchaîne : " Cet uranium récupéré sera, notamment, utilisé pour des réacteurs d’essai comme le BR2 du CEN qui ont besoin d’un uranium déjà hautement enrichi au contraire des réacteurs nucléaires de production électrique ".
Rappelez-vous, c’est avec le réacteur BR2 que le vieillissement des cuves de Doel 3 et Tihange 2 avaient été testés après leur mise à l’arrêt inopinée pour cause de microfissures découvertes dans leurs parois en acier.
A l’avenir, tous les résidus produits par l’IRE depuis sa création en 1971 seront traités dans l’installation Recumo. Au terme de l’ensemble de cette production, il ne sortira, en 2048 qu’un seul fût de déchet hautement radioactif vitrifié. Cela veut dire une nette diminution des déchets hautement radioactifs issus de la production de radio-isotopes.
Recumo et Myrrha, deux projets de pointe dans le recyclage des déchets radioactifs
En mars 2022, les instances compétentes ont officiellement donné leur feu vert. L’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) a délivré l’autorisation de création et d’exploitation alors que la Région flamande a octroyé le permis d’environnement. Aujourd’hui, moins d’un an plus tard, les deux partenaires du projet peuvent donner le premier coup de pelle à la construction des bâtiments.
Désormais avec Recumo et Myrrha, un réacteur nucléaire qui utilisera comme combustible, les déchets produits par les autres réacteurs, le CEN se trouvera à la pointe des technologies de retraitement des déchets radioactifs.