Le phénomène inquiète au Royaume-Uni : l’Association dentaire britannique (BDA) a alerté mi-juillet contre les "risques considérables" d’effectuer des "traitements à prix réduit" à l’étranger, évoquant des cas d’infections et de "couronnes et implants mal ajustés s’étant détachés".
Patrick Solera, président de la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL), juge le phénomène encore "restreint" en France mais s’inquiète de voir des influenceurs "aller se faire tailler les dents" en Turquie. "On ne fait pas une couronne sur une dent un peu jaune. Tailler une dent saine pour mettre une couronne, c’est de la mutilation ! En France, c’est passible de prison ferme !", tonne-t-il.
"Ce sont les attentes des gens", rétorque Tarik Ismen, président de l’Association des dentistes turcs. "Certains veulent ressembler aux stars d’Hollywood ou avoir une bouche fluorescente."
"Cette demande existe et si les dentistes turcs n’y répondent pas, les Albanais ou les Polonais le feront".
Il reconnaît des ratés ("3 à 5% d’erreurs est acceptable") mais affirme que "cela peut arriver partout". Et souligne-t-il, aucun des 40.000 dentistes de son association n’a été radié.
"Les dentistes turcs sont les meilleurs et les moins chers au monde", abonde le Dr Türker Sandalli, le premier, il y a vingt ans, à avoir eu l’idée de développer le tourisme dentaire en Turquie. Dans le couloir de sa clinique stambouliote aux murs couverts de diplômes et de récompenses, où 99% des patients sont étrangers, le septuagénaire se félicite qu'"aucune dent n’ait été arrachée en douze ans" par son équipe. "Mais, et cela me peine de le dire, 90% des cliniques font du bas de gamme", déplore-t-il, accusant "2.000 à 3.000" structures illégales de salir la profession.