Les disquaires indépendants à l'honneur à l'occasion du "Record store Day"

Premier arrivé, premier servi

Namur compte encore deux disquaires indépendants et ils participaient tous deux aujourd'hui à cette journée spéciale. Même si les listes des sorties sont disponibles plusieurs semaines à l'avance, impossible pour eux de dire ce qui arrivera finalement dans leurs bacs. "Malheureusement, on n'a pas toujours tout. C'est le principe du Record store Day : on commande, sans jamais être sûr de ce qu'on recevra", confirme Isabelle Morimont, gérante du magasin Lido Music.

Dans l'espoir de dénicher malgré tout leur(s) graal(s), certains clients font donc parfois la file devant l'entrée de la boutique bien avant l'ouverture. "Parmi les disques que j'ai le mieux vendu ce matin, il y a le U2, le Cure, le Pixies", précise-t-elle. Un client sort du magasin en fin de matinée, l'album live de Cure sous le bras. "J'ai trouvé une partie de mon bonheur. Je cherchais quatre album, j'en ai trouvé un", confie-t-il, après ses recherches dans les deux adresses. Il aura tout de même déboursé 73 euros pour ce tirage rare. 

Il y aujourd'hui a des gens qu'on ne voit jamais. C'est une façon de se faire une nouvelle clientèle

Manon, elle, repartira bredouille. Elle cherchait notamment un disque de Taylor Swift, qui est parti très vite des rayonnages de Juke Box, l'autre disquaire du centre-ville. "Elle est hyper demandée, vu qu'elle vend beaucoup. On a surtout bien vendu le disque Lomepal, un 10 inches deux titres live. Si on en avait eu cent copies, on les vendait toutes! Il n'y en a que 1000 pour la France et le Benelux", souffle Jean-François, le vendeur.

Qu'à cela ne tienne, de nouveaux clients dans le magasin, et notamment des très jeunes, ça fait du bien à ces indépendants. "Il y aujourd'hui a des gens qu'on ne voit jamais. C'est une façon de se faire une nouvelle clientèle. Et aussi, pour eux, de voir ce qu'on a en stock chez nous, car on a plein de choses que les gens ignorent", constate Bernard, le patron du magasin.

Des clients qui viennent chercher un contact, un conseil et plaisir de farfouiller dans les bacs. "Il y a aussi l'envie de faire vivre le commerce, c'est mieux qu'une boutique en ligne où on n'a pas de contact", ajoute Manon. 

Le Vinyle, star des disquaires

L'accent de cette nouvelle édition a été mis sur le vinyle, un produit culturel au doux parfum de nostalgie qui effectue un retour en force depuis quelques années. Si la vente de vinyles a même dépassé celle des CD aux États-Unis en 2022, les deux supports sont encore au coude à coude en Belgique selon les derniers chiffres de la Belgian Recorded Music Association (BRMA). En 2021, les vinyles représentaient 44,37% des supports fixes vendus, contre 48% pour les CD.

2022 a été une nouvelle année exceptionnelle pour le vinyle

Au total, la vente des galettes noires a rapporté pas moins de 8,69 millions d'euros en Belgique en 2021, un record au cours des dernières années et une augmentation du chiffre d'affaires de 78% en un an. Et il semble que les amateurs des disques microsillon n'ont rien perdu en 2022 de leur amour pour ce support vintage. "2022 a été une nouvelle année exceptionnelle pour le vinyle. Ce support musical unique continue de consolider sa position sur le marché physique année après année grâce à un public fidèle et croissant", souligne Olivier Vandeputte directeur de BRMA.

Malgré ces chiffres encourageants, le streaming représente tout de même 75% du chiffre d'affaires total de la musique en Belgique et a engrangé 68,27 millions d'euros en 2021. Les disquaires indépendants se font quant à eux de plus en plus rares, bien qu'aucun recensement officiel ne quantifie le phénomène en Wallonie et à Bruxelles.