Belgique

Les drones, nouveau lien entre la prison et l’extérieur

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Par Charline Halleux

Le drone est un nouvel allié pour faire rentrer illégalement des colis dans l’enceinte des prisons. À l’instar des largages habituels et réguliers auxquels les agents pénitentiaires doivent faire face, ces engins amènent principalement de la drogue et des téléphones.

Mais plus récemment, un menu fast-food a été livré par drone à un détenu de la prison de Huy. Si l’histoire peut faire sourire, les agents, eux, redoutent que ces appareils n’amènent des armes ou des moyens d’évasions plus dangereux.

Trois à quatre survols de prison par mois enregistrés

Pourtant, le survol des prisons n’est pas autorisé par la loi. Les établissements pénitentiaires entrent en effet dans la catégorie des "no fly zones", des secteurs plus sensibles sur le plan de la sécurité comme le sont les aéroports et les sites nucléaires. Pour survoler ces secteurs définis, obtenir des autorisations spéciales au préalable est indispensable. Sinon, il y a interdiction de vol.

Thomas de Spiegelaere, porte-parole du Service public fédéral Mobilité et Transports, met en garde les dronistes qui ne respecteraient pas cette règle : "Il y a des sanctions assez sévères qui sont prévues et qui peuvent monter jusqu’à des milliers d’euros et à des peines de prison".

Les sanctions ne semblent cependant pas freiner les livreurs 2.0 dans les prisons. L’administration pénitentiaire enregistre trois à quatre survols de prison par mois, sans compter les largages par-dessus les enceintes des établissements qui ne s’essoufflent toujours pas.

Des solutions virtuelles mais pas réelles

Face à cette nouvelle manière de déjouer la surveillance, les agents pénitentiaires s’inquiètent. Selon le secrétaire fédéral de la CGSP section prison Grégory Wallez, cette pratique ne s’arrêtera pas : "C’est très inquiétant. Nous avons des éléments extérieurs à la prison qui interfèrent avec la sécurité de l’établissement, donc nous redoutons un drame", confie-t-il.

Alors que les gardiens n’ont pas la prérogative policière d’interpeller un individu qui ferait entrer un drone dans l’enceinte pénitentiaire, comment empêcher de telles pratiques illégales ?

Certains constructeurs programment leurs appareils pour les empêcher de franchir les "no fly zones". Bloqué par une sorte "mur virtuel", le drone change alors de trajectoire à l’approche d’une zone sensible.

On doit se concerter très vite pour trouver des solutions avant que quelque chose de grave n’arrive.

Mais ce n’est pas une généralité chez les constructeurs, d’autant plus que toutes les zones rouges ne sont pas forcément intégrées dans l’appareil. Sans oublier qu’il suffit d’être un peu bricoleur pour désarmer ces systèmes.

Les mesures de sécurité mises en place par les établissements pénitentiaires ne semblent en tout cas pas suffisantes aux yeux des syndicats. "Il faut que l’on prenne ce problème à bras-le-corps", insiste Grégory Wallez. "On doit se concerter très vite pour trouver des solutions avant que quelque chose de grave n’arrive".

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