Budget carbone individuel, isolation des habitations à coût zéro pour leurs occupants, taxe carbone : les Engagés ont avancé une série de propositions pour inscrire la Belgique dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Même si l’Europe a fixé le bon cap en la matière pour 2030 et 2050, les Engagés estiment que le pays n’est pas au rendez-vous des résultats, les émissions de gaz à effet de serre ayant encore augmenté en 2022, année marquée par des canicules et une sécheresse historique. "En matière de climat, nous ne sommes pas optimistes ou pessimistes. Nous devons être activistes", a défendu Yvan Verougstraete, vice-président des Engagés, lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Pour relever le défi de la transition énergétique "et assurer un avenir à nos enfants", le mouvement du centre a élaboré un vaste "plan de transformation" dont le lancement devrait, selon leurs vœux, être conditionné à la tenue préalable d’un référendum sur un "Pacte citoyen pour la Transition". Les Belges y seraient invités à se prononcer sur la nécessité de limiter les émissions de CO2, notamment par l’instauration d’un budget carbone individuel. Ils auraient aussi à s’exprimer sur une nouvelle gouvernance de la transition, avec une hiérarchisation claire des normes entre le Fédéral et les entités régionales, ainsi que la possibilité d’imposer des sanctions lorsque les objectifs fixés ne sont pas atteints.
Soucieux d’éviter la délocalisation des industries les plus polluantes hors d’Europe, les Engagés proposent également de remplacer le marché européen de quotas d’émissions de CO2 par un mécanisme général de taxe carbone qui viserait tous les produits, y compris ceux issus de pays plus laxistes d’un point de vue environnemental. Quitte à froisser les règles du commerce international. "La lutte contre le changement climatique doit l’emporter sur le libre-échange et la mondialisation. Il faut réformer l’Organisation mondiale du commerce ou alors l’ignorer", martèle le vice-président des Engagés. Conscients que cette fiscalité environnementale va engendrer une inflation qui pourrait être socialement contestée, les Engagés suggèrent d’en redistribuer le produit vers les citoyens au moyen d’un "dividende carbone". "Celui qui polluera moins verra donc ses revenus augmenter", avance Yvan Verougstraete.
Pour les Engagés, la bataille contre le changement climatique ne se gagnera pas sans une meilleure conscientisation de la population aux enjeux, ni sans une réduction importante des modes de consommation, notamment en matière d’énergies fossiles. Le parti propose à cet égard de créer un budget carbone individuel pour l’achat d’énergies fossiles ainsi que les billets d’avion. Une fois épuisé, il ne serait plus possible de consommer, sauf en rachetant des crédits à ceux qui n’auraient pas utilisé tout leur budget. Des aménagements seraient toutefois prévus pour les publics plus fragilisés ou géographiquement isolés. "Nous sommes parmi les mouvements qui pensent qu’il va falloir diminuer notre consommation énergétique et matérielle", poursuit M. Verougstraete. "Diminuer n’est pas un vilain mot !", insiste-t-il, sans défendre pour autant une quelconque "décroissance", préférant plutôt parler de "sobriété". "Nous ne sommes pas pour une réduction de la croissance économique. S’il est vrai qu’il faut moins de consommation matérielle, il faut en revanche plus de valeur ajoutée humaine", insiste-t-il. Pour réduire sensiblement la consommation d’énergie, les Engagés prônent également la mise sur pied d’un vaste plan d’isolation des logements qui serait entièrement financé par les pouvoirs publics, sur base du principe du tiers investisseur. Autres mesures préconisées en vrac : l’électrification du parc automobile, la lutte contre l’obsolescence programmée, la captation et l’enfouissement du CO2, la construction de nouvelles centrales nucléaires, le recours à l’hydrogène ou encore la promotion des modes agricoles plus respectueux de l’environnement. Enfin, les Engagés estiment que la Belgique devra aussi se montrer (financièrement) solidaire avec les pays du Sud, qui seront les premières victimes du réchauffement alors qu’ils n’y ont que fort peu contribué. Cette aide, estiment-ils, doit s’inscrire dans une logique d’éthique, mais aussi pour prévenir tout afflux de réfugiés climatiques à l’avenir. "Nos propositions sont robustes et crédibles", a défendu en conclusion Maxime Prévoit, président des Engagés.