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Les êtres multicellulaires seraient apparus notamment en réponse à la prédation

Pasquale ramène sa science

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Le passage de la vie unicellulaire à la vie multicellulaire constitue l’un des événements majeurs de l’histoire de la vie sur Terre. La prédation aurait joué un rôle important dans cette évolution d'après une étude de l'Université de Montana. C’est ce que nous explique le professeur Pasquale Nardone.

Nous sommes des êtres multicellulaires. Notre corps renferme des milliards de cellules, qui ont des activités biochimiques différentes les unes des autres.

Mais comment passe-t-on d’une cellule qui est déjà une chose très compliquée à un organisme qui contient des dizaines, des centaines, voire des millions de cellules ?

L’hypothèse sous-jacente est une théorie darwinienne classique, à savoir que les organismes multicellulaires seraient avantagés par rapport à ceux qui sont unicellulaires. Mais avantagés par rapport à quoi exactement ?

Le rôle de la prédation dans l’évolution

Des biologistes ont envisagé l’hypothèse darwinienne en lien avec la prédation. Le fait qu’il existe des prédateurs à des cellules unicellulaires engendre-t-il l’apparition d’organismes multicellulaires ?

Quand on parle de prédateurs, il peut tout simplement s’agir d’une autre cellule. On sait que les cellules mangent les cellules, les cellules mangent leur environnement, les cellules unicellulaires mangent d’autres cellules unicellulaires, comme des bactéries mangent des virus, puis des algues mangent des bactéries, puis des algues mangent d’autres algues, explique Pasquale Nardone.

Cette prédation existe parce qu’elle consiste à se nourrir.

© Getty Images

Une étude étonnante sur la prédation

Une étude publiée dans Nature, par le département de biologie de l’Université de Montana, fait état d’une expérience très intéressante.

Les chercheurs ont choisi un organisme unicellulaire, une petite algue verte appelée Chlamydomonas Reinhardtii, qui vit en milieu aquatique. Elle mesure 10 microns, possède deux petites flagelles et se nourrit de son environnement. Cette algue est très utilisée pour fabriquer des biocarburants, bientôt de l’hydrogène, et pour fabriquer des médicaments.

Ils savent que cet être unicellulaire n’a pas d’ancêtres multicellulaires, et depuis 2007, ils connaissent parfaitement son ADN, qui contient 15.000 gènes.

Ils ont ensuite sélectionné un prédateur beaucoup plus gros, le Paramecium Tetraurelia, qui se nourrit de ces petites algues, qui mesure 0,1 mm et vit également dans l’eau.

Ils ont mis en présence le prédateur et l’algue. Ils ont pu montrer qu’après 50 semaines, donc 750 générations de ces êtres unicellulaires que sont les microalgues, ils deviennent des êtres pluricellulaires, qui ne peuvent plus être mangés par le prédateur.

Une évolution naturelle s’installe ainsi, en une petite année. Le mécanisme de prédation est donc un mécanisme qui va engendrer l’apparition d’êtres pluricellulaires, en tout cas en ce qui concerne les algues.

La modification du patrimoine génétique

Les scientifiques ont continué l’expérience et ont pu montrer que sur les 4 années qui ont suivi, ces êtres devenus multicellulaires sont restés stables. Il n’y a pas eu un retour du multicellulaire vers l’unicellulaire. Ce qui démontre que le caractère pluricellulaire est resté inscrit dans le patrimoine de cette microalgue.

La théorie darwinienne de la prédation qui fait apparaître des multicellulaires à partir d’unicellulaires a ainsi pu être vérifiée en laboratoire au cours de cette expérience gigantesque de 5 années.

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