Belgique

Les étudiants francophones se mobilisent contre un projet de loi limitant les numéros INAMI

Image d’illustration, étudiante de médecine levant la main.

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Par David Manfredini

Plus de 6400 étudiants francophones ont signé une pétition contre un projet de loi visant à bloquer l’octroi de numéros INAMI aux étudiants de médecine. Sans réponse de la part du ministre de la Santé Franck Vandenbroucke, ils menacent de manifester devant son cabinet le 16 février prochain.

Depuis de nombreuses années, la question des numéros INAMI revient régulièrement au cœur des débats. Pour pouvoir exercer la médecine curative, les praticiens doivent disposer d’un numéro INAMI. Ces numéros, en nombre limité, ont pour objectif de diminuer le nombre de médecins sortant des écoles.

Un projet de loi veut bloquer l’octroi de ces numéros, mais les associations étudiantes, composées de l’AGL, l’AGW (UCLouvain), la CIUM, la FEF et l’ORE (UMons), n’en veulent pas et ont déposé ce jeudi 10 février une pétition rassemblant plus de 6400 signatures auprès du cabinet du ministre Franck Vandenbroucke. "Dans le contexte sanitaire qu’on connaît actuellement, la proposition de Vandenbroucke est totalement absurde et c’était une évidence pour toutes les associations étudiantes de se mobiliser sur la question", explique Lucas van Molle, président de la FEF et étudiant en droit à l’université Saint-Louis, à Bruxelles.

Des quotas détachés de la réalité

Lucas van Molle affirme que les quotas actuels ne répondent pas aux besoins réels : "C’est dénoncé par les syndicats et par diverses associations. Il y a une situation de pénurie qui est avérée et la politique des quotas contribue à creuser la pénurie. Les quotas ne prennent pas compte du vieillissement de la population, de l’accroissement des maladies chroniques, ou encore du changement de conditions de vie des médecins, qui aspirent à de meilleures conditions de travail en prestant moins d’heures."

Ils estiment que le nombre de numéros ne doit pas être réduit, mais augmenté : "La commission de planification essaie de maintenir une certaine force de travail, mais la force de travail ne doit pas être maintenue, elle doit être augmentée, parce que les besoins augmentent." Selon Lucas van Molle, le ministre Franck Vandenbroucke utiliserait cet article de loi comme moyen de pression sur les communautés.

« Ça nous concerne tous »

Les signataires s’opposent également à la mise en place d’un concours de sélection à l’entrée de l’école de médecine : "On ne veut pas que la sélection à l’entrée des études soit renforcée. La crise sanitaire nous a montré que nous devons au contraire encourager toutes les vocations afin qu’ils viennent renforcer la première ligne de médecine générale qui est vraiment essentielle pour la santé publique."

Pour les associations, cette problématique ne concerne pas uniquement les étudiants en médecine : "Cela concerne tous les étudiants et la population de manière générale. On parle de l’avenir de la santé publique, on parle d’un système de soin de santé accessible, de qualité, qui dépend aussi de la formation des futurs médecins et du nombre des futurs médecins."

Un manque de communication dénoncé

Malgré leurs nombreuses demandes, les associations ne sont pas parvenues à engager la discussion avec le ministre et regrettent un manque d’écoute de la part du gouvernement : "Nous avons contacté le cabinet de Franck Vandenbroucke à plusieurs reprises et nous sommes allés hier y déposer la pétition. Malgré le nombre important de signatures, il n’y a eu aucun retour. On souhaite pouvoir le rencontrer pour lui parler de la situation des étudiants et lui donner notre point de vue sur la situation."

Démunis face à l’absence de réponse, les étudiants ont décidé d’organiser une grève ce mercredi 16 février à Bruxelles : "Lorsque nous avons été à nouveau confrontés hier à un refus de rencontre, nous l’avons mis en demeure de réagir, sans quoi nous viendrons manifester devant son cabinet."

Interrogé sur la question, le ministre Franck Vandenbroucke n’a pas souhaité réaliser de commentaire. Jan Eyckmans, le porte-parole du ministre, a toutefois indiqué que le cabinet comptait recevoir les étudiants la semaine prochaine afin de discuter de la problématique.

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