Aujourd’hui, explique Laurent de Nys, le nombre de faux billets retrouvés est historiquement bas :
"Il n’y a que 17 faux billets pour un million de billets en circulation dans la zone euro"
Il insiste : "ce chiffre donne peu de risque au citoyen d’en trouver un entre ses mains". Et Laurent De Nys se félicite des chiffres récents : en 2020, 17.000 faux billets ont été trouvés sur le territoire belge, bien en dessous des 25.000 de 2019.
Mais il y a des ombres à ce tableau.
900.000 euros de pertes en 2020 en Belgique
Ces chiffres n’incluent pas les faux billets saisis (par les douanes par exemple) avant d’avoir été mis sur le marché. Et ces chiffres pourraient ne pas rester "historiquement bas".
Les contrefacteurs imitent déjà les nouvelles coupures. Elles sont effectivement très difficiles à copier mais certains faussaires se contentent de faux approximatifs, misant sur l’inattention des utilisateurs.
On remarque aussi qu’une part de cette baisse est liée au Coronavirus : le nombre de paiements en liquide a chuté en 2020 et 2021. Il est donc logique que la circulation de faux billets ait baissé aussi. Cette baisse-là peut être réversible.
Autre bémol : même s’il s’agit d’une amélioration, trouver 17.000 faux billets en circulation en 2020 en Belgique représente une perte de 900.000 euros, sur une seule année et dans un seul des 19 Etats de la zone euro. La contrefaçon reste un vol massif.
Pour s’attaquer à ce vol, les polices européennes doivent en permanence se mettre à la page. Les deux premières décennies de l’euro leur ont demandé beaucoup d’adaptations.
Du petit contrefacteur aux mafias
Le franc belge avait ses faussaires : leur portée était la Belgique. Le territoire de l’euro est bien plus vaste, la portée des faussaires aussi. Dans leurs rangs, on trouve de plus "gros poissons".
Pascal Roland a connu cette transition au sein de la Police fédérale. Il est aujourd’hui Inspecteur principal à l’Office central de répression du faux monnayage. Il travaillait déjà à la répression du faux monnayage il y a 20 ans. Il se souvient bien de l’impact de l’arrivée de l’euro sur la qualité des contrefaçons et sur le travail d’enquête.
"Avant l’euro, avec le franc belge, on avait chez nous en Belgique surtout de petits contrefacteurs qui produisaient quelques centaines de billets maximum. Avec l’arrivée de l’euro, monnaie internationale, les organisations criminelles se sont lancées dans le business."
Parmi celles-ci, des mafias. "80 à 85% des faux billets qu’on trouve sur le territoire belge viennent de l’étranger : d’états limitrophes ou de plus loin. L’Italie, par exemple, d’où proviennent une bonne part des faux billets. Enormément de démantèlements ont lieu en Italie dans la région de Naples."
Cette nouvelle réalité a poussé rapidement les experts et les policiers européens à coopérer davantage. Les spécialistes en contrefaçon des banques centrales des différents pays, comme l’équipe belge de Laurent De Nys, mettent leurs observations en commun pour classifier les billets contrefaits en Europe et tenter de repérer des flux. Sur cette base ensuite, les polices des Etats concernés mènent des enquêtes coordonnées, avec l’aide d’Europol, pour démanteler ces filières transfrontalières.