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Les fêtes en pleine mer, des mains détruites par les efforts, 33 jours sur un bateau : le Belge Louis Cruysmans traverse l’Atlantique à la rame

Les Atlantic Endeavoar lors de leur arrivée à Antigua.

© – Instagram Atlanticendeavoar

Ramer, c’est un geste assez simple en soi. Mais répétez-le cinquante, cent, mille, dix mille fois, et là, ça devient beaucoup plus difficile. Imaginez alors ramer 4800 kms à travers l’immensité de l’océan Atlantique… Ça semble complètement fou mais c’est pourtant une course, l’Atlantic Challenge, la course à la rame considérée comme la plus dure au monde et pour cause, le record de cette traversée insensée est d’un peu plus de 29 jours pour une équipe de quatre rameurs. Il y a quelques jours, l’édition 2022 de l’Atlantic Challenge s’est conclue pour un équipage de quatre rameurs composé d’un Belge, Louis Cruysmans. Retour sur son périple, ses difficultés, ses épreuves mais aussi, ses motivations.

Quatre rameurs novices embarquent pour un challenge sportif et caritatif

La Gamora, dans les Canaries. On est le 11 décembre. Louis s’apprête à embarquer avec 3 potes anglais Will Hole, Henry Putt et Olly Collins, pour un voyage d’au moins un mois. "Au départ on était un peu nerveux. On savait qu’on était bien préparé, on avait fait une préparation de 18 mois mais on était quand même un peu nerveux. Après, on a dû arriver au départ 12 jours avant le début de la course et donc au moment du départ, on avait plus qu’une seule envie, c’était d’y aller !"

L’Atlantic Challenge c’est avant tout une course mais pour les membres des Atlantic Endeavoar, comme ils se surnomment, l’intérêt était ailleurs : "on voulait faire cette course pour nous lancer un défi à nous-même d’abord. Aucun de nous n’a fait de la rame auparavant mais on voulait relever un gros défi avant que nos vies, le fait d’avoir des enfants par exemple, ne nous le permettent plus. C’est vrai que c’était une course, des équipes étaient là pour la gagner mais ce n’était pas notre objectif. Au final on est assez content car on termine 7e derrière six bateaux qui étaient là pour gagner donc on était assez fier de nous." Mais outre le challenge sportif, les quatre rameurs ont traversé l’Atlantique pour lever des fonds pour deux associations caritatives, The Oli Hilsdon Foundation et Mind, qui leur tenaient à cœur. Et grâce à leurs efforts, l’équipage a déjà récolté plus de 100.000 euros.

33 jours seuls, en pleine mer

Etre à quatre sur un petit bateau, non stop, ça demande de l'organisation et une dynamique de fonctionnement pour être les plus efficaces possibles: "tous les jours, on fonctionnait un peu de la même manière. On ramait deux heures puis on se reposait deux heures. On avait deux cabines donc on alternait toujours rame-repos avec celui avec qui on partageait notre cabine. C’était un rythme à prendre mais c’est vrai qu’au début, c’était difficile de se mettre dedans." Après quelques jours, les quatre rameurs trouvent leurs marques et leur rythme de croisière. Une croisière aidée seulement par un météorologue à distance, là pour les conseiller sur les routes à suivre en fonction de la météo. 

Chaque jour, les journées sont les mêmes et les efforts sont intenses. Pour encaisser le choc physique et l'impact sur leur organisme, en plus du repos, les quatre copains devaient absolument s'alimenter: "on mangeait vraiment beaucoup ! On devait consommer jusqu’à 5000 calories par jour car on en brûlait le double chaque jour ! Et ça aussi, ça a été une habitude difficile à prendre mais arriver à la fin du voyage, on avait constamment faim". Pour combler leur faim, Louis et ses potes mangeaient des repas classiques, lyophilisés, qu'ils réhydrataient avec de l'eau chaude accompagnés de snacks avec des fruits secs et des barres sucrées. Mais malgré tout, les quatre rameurs ont perdu 46 kilos sur l’ensemble du voyage, 13 pour Louis seul. La preuve de la quantité d’efforts à fournir chaque jour.

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Mais outre les efforts, imaginez les difficultés que vous pourriez rencontrer pendant 30 jours en pleine mer. Les rameurs ont vécu quelques moments stressants : "le moment le plus stressant, ça a commencé le jour de Noël et ça a duré trois jours encore après. Il y avait énormément de vent et des vagues jusqu’à 10 mètres de haut. Le bateau a failli se retourner plusieurs fois, on a tous sauté de notre siège plusieurs fois aussi. Et puis on a beaucoup été trempé et ça c’était problématique".

Des stress en plus des difficultés physiques, elles aussi très nombreuses lors d’un périple aussi éprouvant : "à force d’être mouillés et de ne pas arriver à se sécher, on a des risques d’infection plus importants. Sinon au niveau douleurs physiques, on a tous eu plein de cloques aux mains mais ça c’était prévisible. On a aussi tous désormais des problèmes au ligament de la main, on ne sait plus la fermer pour l’instant mais ça va revenir. Et puis sinon, on a eu des petits trucs chacun, par exemple moi j’ai souffert du dos."

Les mains des Atlantic Endeavoar
Les mains des Atlantic Endeavoar © – Instagram Atlantic Endeavoar

33 jours, 23 heures et 24 minutes plus tard, alors que les premières lueurs du jour pointent le bout de leur nez, les quatre rameurs voient la terre, enfin après des semaines en pleine mer. C’est Antigua et la ligne d’arrivée, la fin d’un périple, d’une épopée. Un sentiment quasi indescriptible : "c’était très spécial. Un peu avant que les équipes de la course viennent nous retrouver pour nous accompagner, on s’est posé tous les quatre et on a un peu réalisé ce qu’on avait fait. C’était un moment très fort. Et puis pour être honnête, une de nos motivations pour participer à ce Challenge, c’était notamment le fait de voir les photos des rameurs quand ils arrivaient avec les Feux de Bengale, du coup on a bien profité du moment !"

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