Présidentielle en France

Les Français de Belgique se mobilisent ce dimanche pour faire barrage à Marine Le Pen : "Un scénario d’horreur qu’on ne veut pas voir se réaliser"

A Bruxelles, les citoyens français peuvent voter au Heysel.

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Par Daniel Fontaine

Près de 100.000 citoyens français sont inscrits en Belgique pour participer à cette élection présidentielle. Au premier tour, le 10 avril, le taux de participation s’est élevé à près de 44%. Ils pourraient être plus nombreux à se déplacer pour le second tour de ce dimanche qui oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

"Il y a certainement eu un petit rebond durant l’entre-deux tours", note Bruno Jean-Etienne, vice-président de l’association Français de Belgique – ADFE. Le soutien au président sortant est assez fort dans l’électorat des Français de Belgique : il a recueilli 40% des voix au premier tour. Un certain nombre d’abstentionnistes se sont apparemment décidés à faire barrage à la candidate d’extrême-droite au second tour.

Un rebond de la mobilisation

"Plus de 1000 procurations ont été déposées auprès des services du consulat", remarque Bruno Jean-Etienne. Certains indécis s’étaient abstenus au premier tour, explique-t-il : "On sent ici une mobilisation pour le second tour. Je reçois des appels de gens qui se renseignent sur le meilleur moment pour aller voter, sur l’heure de fermeture des bureaux et cetera. Il y a un petit rebond, même s’il n’y a pas un vaste mouvement de 'non au Front National', comme en 2002", qui avait vu Jean-Marie Le Pen atteindre le second tour face à Jacques Chirac.

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Avec 28% des voix belges, le candidat de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon avait fait un score remarqué au premier tour. Il a appelé ses électeurs à ne pas donner une seule voix à Madame Le Pen, sans leur dire explicitement de voter Macron. "Plus on s’est rapproché de ce second tour, plus certains électeurs qui voulaient voter blanc, voire voter Marine Le Pen, se sont dégonflés. Ils ont choisi finalement de faire non pas un vote en faveur d’Emmanuel Macron, mais un vote à reculons, un vote contre Le Pen", explique de vice-président des Français de Belgique – ADFE.

Ces électeurs-là comptent bien corriger leur vote en quelque sorte lors du troisième tour, les législatives du mois de juin. Elles devraient permettre de mieux refléter l’orientation politique des Français de Belgique : "quand on fait le grand total de toutes les gauches, insoumis, écologistes, communistes, socialistes, et cetera, on arrive à un total de 42-43%. Le total macroniste, c’est de 44%. Dans la circonscription des Français Belgique, le FN est finalement très peu présent".

La défense de l’Europe

De nombreux Français se sont installés à Bruxelles pour des raisons professionnelles liées aux institutions européennes. Marine Le Pen ne cache pas sa méfiance, voire son mépris, pour ces institutions, alors qu’Emmanuel Macron fait de l’engagement européen de la France le socle de sa politique. Il n’est donc guère étonnant dès lors qu’Emmanuel Macron ait recueilli 40% des voix au premier tour, pour moins de 6% à Marine Le Pen, à quasi-égalité avec l’autre candidat d’extrême-droite, Eric Zemmour.

"Le vote Rassemblement National est toujours concentré sur la bande frontalière, Tournai, Mouscron, Charleroi", relève Bruno Jean-Etienne, qui y voit "un vote de personnes plus âgées, ou qui ont des moyens financiers plus faibles, ou alors des gens qui travaillent en France et qui sont plus exposés à la réalité française par rapport à des gens qui habitent à Bruxelles ou en Flandre et qui sont plus intégrés en Belgique".

Zemmour, d’Anvers à Waterloo

Quant au vote en faveur d’Eric Zemmour, il était mieux représenté dans les villes comme Bruxelles, Waterloo ou Anvers. "Le vote Zemmour a clairement pris au vote Fillon (le candidat de droite qui avait recueilli 22% des voix en 2017). C’est plutôt un vote urbain, de personnes bien intégrées socialement et financièrement", analyse Bruno Jean-Etienne.

Ce dimanche, Marine Le Pen ne devrait pas dépasser 20% des voix en Belgique. Elle en avait recueilli 12% en 2017. Si une partie des Français de Belgique se mobilisent, c’est pour écarter le scénario de voir Marine Le Pen entrer à l’Élysée. La fermeture des frontières au sein de l’Union européenne durant la crise du Covid a été un électrochoc pour un certain nombre de ces Français. "Le Covid a fait réaliser à quel point l’Union européenne était importante pour nous, Français de Belgique, dit Bruno Jean-Etienne. Quand il y a des blocs de béton au poste-frontière, c’est plus difficile d’exercer sa citoyenneté."

En si Marine Le Pen gagnait ?

En cas de victoire de la candidate d’extrême-droite, le vice-président des Français de Belgique – ADFE ne croit pas à un mouvement de Français qui viendraient chercher refuge en Belgique.

Il pense au contraire que c’est en France qu’il faudra se mobiliser. "Si c’était le cas, il y aura un mouvement transpartisan pour défendre la démocratie, et s’assurer que Marine Le Pen ne peut gouverner qu’en cohabitation. Il faudra tout faire pour que cela reste une parenthèse la plus courte possible. C’est un scénario d’horreur, un scénario de fiction qu’on n’a pas du tout envie de devoir de se réaliser."

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