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Les grèves empêchent les régions de se redresser, estime Olivier Willocx

Les grèves peuvent nuire aux investissements étrangers, estime Olivier Willocx

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Par Maud Wilquin

Selon l’institut de recherche allemand WSI, la Belgique était la championne d’Europe des grèves entre 2011 et 2020. Aucun autre pays européen n’a détrôné les 97 jours de grève pour 1000 salariés par an de la Belgique. Pas même la France et ses 93 jours de grève pour 1000 salariés.

Mais cette médaille d’or pourrait-elle avoir un impact sur le développement de la Belgique ? Pour Olivier Willocx, administrateur délégué de Beci, "il est important que la population puisse protester", mais "si des régions veulent se développer en continuant à croire que la protestation est le seul mode légitime pour s’en sortir, ça va être difficile à redresser " Et pour cause, lorsqu’ils analysent les possibilités d’investissements, les investisseurs étrangers tiennent compte d’un certain nombre de facteurs dont l’attitude du travailleur", affirme-t-il. "Les grèves coûtent cher à l’employeur. La France pensait tirer profit du Brexit en attirant les entreprises britanniques. Le mouvement des gilets jaunes a éclaté au même moment et presque aucune entreprise n’est venue s’installer en France, presque toutes sont parties à Amsterdam, à Francfort et au Luxembourg. Quelque part, l’attitude des gilets jaunes a nui aux investissements en France." Une situation à laquelle pourrait être confronté le sud de la Belgique, estime-t-il.

Un avis que partage François Bellot MR, député au Parlement de Wallonie. "Lorsque j’étais ministre, j’ai eu l’occasion de rencontrer une trentaine d’entreprises installées en Angleterre et qui devaient venir sur le continent au moment du Brexit. Un expert a questionné ces entreprises pour connaître les critères qu’elles prenaient en compte avant de s’installer dans tel ou tel pays", dit-il. "Dans les 5 premiers critères, on retrouve la stabilité fiscale en première position, ensuite la paix sociale et une qualité d’accompagnement de l’administration dans les demandes d’autorisation de s’installer. Deux entreprises se sont implantées en Belgique, les 28 autres à Amsterdam."

"Le droit à la grève est fondamental", assure-t-il. "Mais quand dans un modèle de concertation sociale, l’Allemagne en compte 15, les Pays-Bas 18 et la Belgique, 95… l’entreprise qui est aux USA, en Irlande ou en Australie a vite fait son choix."

François Bellot : "Les grèves font fuir des entreprises étrangères"

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"D’autres éléments doivent être pris en compte", réagit Estelle Ceulemans, secrétaire générale de la FGTB de Bruxelles. "Les investisseurs considèrent aussi la productivité, le fait d’avoir une protection sociale correcte, un cadre de vie et des infrastructures."

Estelle Ceulemans réagit aux critères pris en compte pour implanter une entreprise en Belgique

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Pour elle, le mécontentement des travailleurs ne disparaîtra qu’avec la renégociation de la loi de 96. "Tous les deux ans, nous sommes censés renégocier un accord interprofessionnel sur les conditions de travail et l’évolution des salaires. Or, ces dix dernières années, il n’y a eu qu’un seul accord interprofessionnel. Pourquoi ? Parce que nous avons mis cette négociation salariale dans un carcan avec la loi de 96, loi de sauvegarde, de l’emploi et de la compétitivité qui fait qu’aujourd’hui, il n’est plus possible de renégocier correctement des salaires et ce même si l’entreprise fait des bénéfices."

Estelle Ceulemans au sujet de la loi de 96 qui dessert les travailleurs belges

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